vendredi 30 septembre 2005

L'échangeur prévu au coeur de Saint-Armand : UN NON-SENS


DE Saint-Armand sur le Web
    Le 5 octobre dernier avait lieu une soirée d'information du BAPE sur le projet de parachèvement de l'autoroute 35 entre Saint-Jean-sur-Richelieu et Saint-Armand. Le projet prévoit 5 échangeurs : à Saint-Jean/Saint-Athanase, à Saint-Alexandre, à Saint-Sébastien et à Saint-Armand -- deux à Saint-Armand, sans compter celui du poste frontalier, sur une distance d'environ 6 kilomètres (voir figure A).

    Nous avons jusqu'au 29 octobre pour demander au Ministre que le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) tienne des audiences publiques sur les impacts du projet qui est sur la table.


À mon point de vue, l'échangeur 'sud' prévu à l'extrémité ouest du chemin Saint-Armand, là où les rues Quinn et Montgomery croisent la route 133, au coeur même du village de Saint-Armand/Philipsburg (voir figure B), est un NON-SENS à plusieurs égards, notamment parce qu'il accroîtra le transport lourd dans un secteur résidentiel et sur un chemin pas du tout conçu pour les semi-remorques.

La solution du BON SENS passe par la construction d'une route parallèle alternative à la hauteur de l'échangeur nord pour desservir les industries et les commerces de Saint-Armand et favoriser ainsi leur accès et leur développement afin de pouvoir interdire le chemin Saint-Armand au transport routier lourd.



Figure A. Les échangeurs projetés à Saint-Armand
Sur une distance d'environ six kilomètres, le projet du ministère des Transports qu Québec (MTQ) prévoit, du nord au sud, un premier échangeur à la croisée de la rue Champlain et de la route 133 (en pointillé en haut à gauche), un parc routier avec poste de contrôle (en bleu), un échangeur à la jonction de la route 133 avec les rues Montgomery et Quinn/chemin Saint-Armand (en pointillé au centre), des entrées et sorties au poste frontalier (en pointillé en bas à droite).



Figure B. La route 133 à Philipsburg
Saint-Armand est une municipalité coupée artificiellement en deux par la route nationale 133 (qui deviendra vers 2012 l'autoroute 35). Elle regroupe des ilôts résidentiels qui ont nom à l'ouest (à droite) de la route et en bordure de la baie Missisquoi : village de Philipsburg, domaine Rémillard et domaine de la Falaise. À l'est (à gauche) de la route : village de Saint-Armand, Pigeon Hill et Morse's Line.



Figure C. L'échangeur 'sud' envisagé par le MTQ
L'emprise actuelle serait élargie pour faire place à six voies : les quatre voies de l'autoroute elle-même en dépression sous le pont d'étagement (style autoroute Decarie); une voie d'entrée/sortie, de chaque côté. Une bretelle serait spécialement aménagée (coin supérieur droit de l'illustration) pour faciliter l'accès du chemin Saint-Armand aux semi-remorques venant des États-Unis.



Figure D. Le chemin Saint-Armand, harmonieux...
Paysage rural aux multiples facettes, fait d'eau, de forêts, de champs de maïs ou de pâturages, de massifs rocheux, de maisons à l'image de ses habitants aussi singulières que sympathiques. Paysage tout en ondulations à travers lequel se faufile un chemin qu'on dirait naturel tant il s'intègre harmonieusement, un chemin qu'on ne pouvait nommer autrement que chemin Saint-Armand...



Figure E. ...mais aussi dangereux, le chemin Saint-Armand

La plupart des résidants de Saint-Armand vous diront qu'ils ont un jour ou l'autre vécu ou évité la catastrophe à l'approche d'une courbe ou d'une butte au moment où surgit du détour un de ces imposants monstres routiers qu'il nous faut tolérer depuis toujours sur le chemin Saint-Armand, faute de route alternative valable pour desservir les besoins en transport de l'économie locale.



Figure F. « Partageons la route! »
Ce slogan du MTQ à l'entrée du chemin Saint-Armand nous invite à faire courtoisement place aux véhicules à deux roues. Faudra-t-il appliquer encore longtemps ce slogan aux 'dix-huit roues'?



Figure G. Il faut pour les camions lourds une route alternative au chemin Saint-Armand
Pour répondre aux besoins en transport de l'économie locale, pour améliorer la qualité de vie dans le Saint-Armand plus résidentiel (en jaune), pour assurer notre sécurité et celle de nos enfants sur le chemin Saint-Armand, celle des cyclotouristes de plus en plus nombreux et celle des promeneurs friands de beautés naturelles... le MTQ doit construire avant même le parachèvement de l'autoroute 35 une route nationale alternative entre la future autoroute 35 et la route 235 (environ 7 kilomètres à l'est) à la hauteur des carrières, afin d'interdire le passage des camions sur le chemin Saint-Armand entre les deux villages.



 

lundi 5 septembre 2005

On vient (de loin) prier à Philipsburg

Face à la baie Missisquoi depuis 1921, au coeur de Philipsburg resté village malgré sa fusion avec Saint-Armand : le sanctuaire Notre-Dame-du-Laus. Discret, fermé, silencieux, modeste, presque austère : tout ce qu'il faut pour se faire oublier.

  

Pourtant, ce dimanche 4 septembre 2005, le voici ouvert, animé, accueillant, chaleureux... C'est que, comme chaque année à ce temps-ci, pour la 84e année donc, c'est le pèlerinage annuel à Notre-Dame-du-Laus de Philipsburg au Québec.

Un groupe de pèlerins est venu de Montréal accompagné d'un prêtre et de quelques religieuses pour prier la Vierge du Laus. Dès leur arrivée, ils assistent religieusement à la messe, prient sincèrement et chantent en choeur, écoutent la Parole leur rappeler pour la millième fois de s'aimer les uns les autres et de pardonner comme ils voudront l'être.

En sortant, coups d'oeil rapide sur les ex-voto laissés à l'arrière de l'église par des pèlerins reconnaissants d'antan, et regards intrigués de quelques-uns, nouveaux-venus sans doute, sur un étrange vêtement doré, immense, enchâssé comme pour en souligner l'importance, au bas duquel on peut lire :

Voile de la Vierge

Cette châsse contient une chape de drap d'or. Une dame de la noblesse française s'était appliquée pendant plusieurs années à broder ce manteau, puis l'avait offert en ex-voto au Laus de France. Pendant trente ans, il reposa sur les épaules de la statue de Notre-Dame du Laus, témoin muet de la bienveillance de notre bonne Mère.

C'est en 1930 que le Laus français l'offrit au Laus canadien pour marquer le lien de famille qui unit les deux sanctuaires. Ce manteau, même s'il n'est pas à proprement parler une relique, est sûrement chez nous un précieux témoin des bontés de notre Mère du ciel.

Après le repas, la centaine de pèlerins assiste à la projection d'une vidéo sur l'histoire du sanctuaire. Une bien vieille histoire qui remonte à 1664 -- à l'époque ou presque de Samuel de Champlain --, année où une petite fille de Laus dans les Hautes-Alpes française, appelée Benoîte, eut une première apparition de la Vierge. Une histoire incroyable mais qui doit bien être vraie puisque depuis ce temps on y a construit une basilique où viennent des centaines de milliers de pèlerins chaque année... La vidéo nous apprend aussi que c'est Mlle Louisia Riendeau qui en 1911 eut l'idée d'ouvrir un sanctuaire dédié à Notre-Dame-du-Laus à Philipsburg et qu'elle mit dix années à réaliser ce projet. Toute une histoire, celle-là aussi, que vous pouvez lire ici, racontée par M. Paul-Émile Archambault, qui s'occupe actuellement du sanctuaire. Dans les années 1950, je le tiens de l'ex-maire de Philipsburg maintenant doyen du village, il pouvait y avoir jusqu'à douze autobus de pèlerins à la fois venus manifester leur dévotion à la Vierge... À l'époque, c'était Mlle Fabiola Farley aidée de Mlle Lucie Dallaire qui s'occupait de tout, même d'en loger quelques-uns dans sa maison de pension!




Après tant d'images inspirantes, les deux groupes de pèlerins -- membres de la Fraternité eucharistique de Montréal et de l'Apostolat mondial de Fatima -- entreprennent la traditionnelle procession qui les mènera vers la grotte où auront lieu les prières à la Vierge des lieux. Un parcours on ne peut plus simple qui nous amène devant le Sanctuaire d'où, après avoir longé la baie toute calme, nous revenons à l'arrière, devant cette réplique du Laus en France où Benoîte vit et entendit la Vierge plus de 600 fois en 54 ans, selon l'histoire.


J'ai quitté les lieux à la fois intrigué, apaisé et fier. Intrigué par la foi manifeste de ces femmes et de ces hommes venus d'aussi loin que Laval exprès pour prier Notre-Dame-du-Laus, ici à Philipsburg au bord de la baie Missisquoi. Apaisé par les lieux mêmes, le beau temps, le lac tout calme et l'accueil des hôtes 'sans cérémonie'... Fier de constater qu'on peut venir de loin pour trouver ici la paix qui caractérise bien ce lieu trop méconnu de notre région paisible.