dimanche 4 mars 2007

« La Licorne bleue » (2)

Patrimoine bâti
Un texte de Jean-Pierre Fourrez

Dans le dernier numéro, je vous avais promis d'aller à la pêche aux documents pour tenter de remonter l'histoire et de trouver l'origine de ma maison.

Déception! Je n'ai pas pu aller au bout de ma recherche car, avant 1830, il est difficile de remonter la chaîne des titres des propriétaires et occupants du lieu. Après avoir fouillé les Archives nationales, le bureau d'enregistrement de Bedford, le Musée Missisquoi et Internet, voici finalement où j'en suis.

Partons de la photo de famille (prise en 1892). Assis sur la galerie (restée identique), Robert Burley (1853-1907) et sa femme Jane Krans (1851-1928) sont entourés de leurs enfants : Ella Harriet B., Lena May, Hiram, Clifford, et Frank, le plus jeune assis sur les marches que bien des gens d'ici dans la soixantaine ont connu.


Frank fut le dernier de la lignée Burley. Sa veuve, Arlene Elizabeth Holland vendit la maison à Gregory Keith en 1973. Ce dernier la vendit à Daniel Lebournot (restaurant La Licorne bleue) en 1978. En 1985, John Harrod (professeur à McGill) en devient propriétaire et c'est Josiane et moi qui la lui rachetons en 1999.

Jusque là, tout va bien!

En sens inverse, on sait que Robert Barney Burley (1853-1907) a hérité de cette maison de son père, Luther Burley (1815-1893), par testament. Avant cette date, c'est pour le moment le brouillard le plus complet. Nous pouvons remonter l'histoire de la famille Burley plus avant. Le père de Luther, Robert Sr (1790-1853) est actif dans la campagne électorale du Bas-Canada de 1820 mais il habite Stanbridge East et possiblement Joseph, son père, aussi.

Quant au lot 36 sur lequel est érigée la maison (actuellement 106 au cadastre), je n'en ai trouvé aucune trace avant 1893. Qui a occupé la maison entre le moment de sa construction et le moment où on trouve une trace écrite de la présence de Luther Burley?

Dans mon article précédent, j'étais parti sur la piste de Peter Krans comme constructeur ou occupant, vu la proximité de son moulin à scie (à l'intersection de la rivière de la Roche et du chemin Saint-Armand) mais cela reste une hypothèse. Cependant un détail architectural appuie la thèse d'un constructeur d'origine allemande ou hollandaise : une partie des murs est faite en colombage briqueté, technique apportée par les colons de l'État de New York au Québec à la fin du 18e siècle et début du 19e (réf. : La maison au Québec : de la Colonie française au XXe siècle, par Yves Laframboise, Éditions de l'homme (voir photo).

Peut-être repartirais-je un jour à la pêche et vous dirais-je la suite de l'histoire. En attendant, dans le prochain numéro, je commence à dresser l'inventaire des vieilles maisons de Saint-Armand.