samedi 31 décembre 2005

« Notre région mérite mieux que l'autoroute 35 »


DE Saint-Armand sur le Web
Communiqué de presse du groupe Mieux que la 35

Parachever l'autoroute 35 serait une erreur, notre région mérite mieux

Le ministère des Transports (MTQ) a annoncé l'année dernière le projet de parachèvement de l'autoroute 35 entre la frontière américaine et Saint-Jean-sur-Richelieu. Si le gouvernement va de l'avant, cette autoroute d'une longueur de 38 km serait réalisée en trois étapes durant les années 2006 à 2012. Or, suite à la publication de l'étude d'impact du projet, près d'une vingtaine de requérants ont demandés au ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs de mandater le Bureau d'Audiences publiques sur l'environnement de tenir une audience publique sur le projet.

Au cours de celle-ci, le MTQ a prétendu que la construction de l'autoroute 35 était nécessaire, permettant d'améliorer les trois points suivants : la sécurité routière, la fluidité du transport sur l'axe Montréal-Boston ainsi que la qualité de vie des riverains de la route 133. Durant trois soirées à la mi-décembre le BAPE a entendu diverses interventions sur le projet du MTQ. Or la majorité de celles-ci ont démontré que le MTQ fait fausse route, et ce, de deux manières : les problèmes sont mal identifiés et les solutions sont inappropriées.

Ce projet prévoit la construction d'un échangeur devant la Légion, à l'entrée de Philipsburg. Une des conséquences directe serait l'augmentation de la circulation, avec les risques pour la sécurité, dans le village, sur les rues Sud, Montgomery et possiblement sur la rue Champlain.

En raison du développement prévisible d'activités commerciales autour des échangeurs, sur les rues Montgomery et Quinn, sur la rue Sud et son prolongement près de la frontière, cette circulation pourrait être de plus en plus commerciale. La qualité de vie est directement associée à la tranquillité remarquable de ce village qui attire ses résidents. Mais voila que tout ceci pourrait basculer car le projet du MTQ met en jeux cette tranquillité.

Nous avons choisi de nous arrêter à ce cas particulier, dont personne n'a fait mention durant l'audience du BAPE. Pour nous, il n'est qu'un des trop nombreux exemples qui illustrent que le parachèvement de l'autoroute 35 aurait des conséquences négatives importantes dans tous les secteurs qu'elle traverserait. Certaines ont été soulignées lors de l'audience, d'autres le seront lorsque les gens s'en rendront compte.

Or, comme plusieurs intervenants aux audiences du BAPE, nous croyons qu'il serait possible d'améliorer la sécurité et la fluidité de la route 133 de façon importante. Ainsi, on éviterait de faire l'autoroute 35, conservant à notre région sa quiétude. Du même coup, on préserverait le territoire agricole, les habitats, la faune et la flore qui seraient sacrifiés par le projet actuellement sur la table. Nous croyons que tous les résidents, agriculteurs et non agriculteurs, méritent mieux que ce projet!

Notons que la 133 dans l'ensemble se compare avantageusement aux autres routes du Québec, selon les différentes données déposées lors des audiences tenues en décembre. Les améliorations réalisées ces dernières années laissent même entrevoir une baisse du niveau de dangerosité. De plus, en devançant la réalisation de son plan des interventions projetées de 2006 à 2012, le MTQ peut continuer à améliorer la sécurité, et ce, pour un prix moindre que les coûts annuels supplémentaires qu'entraîneraient la construction de l'autoroute 35. Notons enfin que tout indique que si elle était réalisée, cette dernière pourrait être la scène d'un nombre important d'accidents aux conséquences aussi grandes, sinon plus, que ceux qui se produisent sur la 133.

Maintenant se forme une coalition de gens et d'organismes qui croit qu'il est possible d'améliorer réellement le réseau de transport et communications en Montérégie. Cela tout en préservant notre environnement, les terres agricoles et les boisés ainsi qu'une structure régionale harmonieuse, agréable pour sa population et accueillante pour le tourisme.

Nos recommandations sont :
  • D'abandonner le projet d'autoroute et de retourner les terres expropriées à l'usage qui leur convient : principalement l'agriculture et la conservation.
  • De rendre la 133 et le réseau de routes adjacentes le plus sécuritaire possible.
  • De favoriser le développement d'un réseau de transport en Montérégie qui réponde aux besoins de notre siècle, dans un contexte de développement durable.

Toute la population est invitée à se mobiliser contre le projet actuel de l'autoroute 35 tel que proposé par le MTQ qui, s'il devait se réaliser porterait atteinte coûteuse, inutile, irrémédiable à notre milieu et à notre sécurité.

Vous êtes invités à vous joindre à nous. Ensemble, nous enverrons un message clair que notre région veut une réelle amélioration de son réseau routier et de ses autres infrastructures de transport et communication.

Claude Benoît et Ghislain Pelletier,
Porte-paroles, Mieux que la 35


Pour nous joindre :


Le dossier complet est disponible sur le site du BAPE

vendredi 30 décembre 2005

Notre fierté collective est-elle menacée à Saint-Armand?

Billet aigre-doux du 7 janvier 2006
en réaction à deux événements qui n'ont pas eu lieu à Saint-Armand en 2005

Le fondement de notre identité collective, c'est la fierté. En cela, je fais écho -- en remplaçant 'bonheur' par 'fierté' -- au plus récent éditorial de l'équipe de rédaction du journal Le Saint-Armand :
« La fierté se cache à Saint-Armand. (...) Offrons-nous le cadeau d'être conscients que nous sommes fiers mais que la fierté peut à tout moment basculer et qu'il est de notre devoir de la protéger. »

L'année 2005 à Saint-Armand fut marquée par des événements significatifs pour notre fierté collective. Nous pouvons par exemple nous féliciter pour le succès du Festival des films du monde de Saint-Armand et pour la soirée Le chant des Frontières, pour ne nommer que les deux événements les plus médiatisés de l'an dernier.

Au total cependant, notre bilan de fierté armandoise n'est pas très reluisant, du moins en ce qui concerne la mise en valeur de notre histoire et de nos institutions. Comprenons-nous bien : il ne s'agit pas ici de reprocher quoi que ce soit ou de faire la leçon à quiconque (je serais d'ailleurs particulièrement malvenu de le faire...). Mais je pense cependant qu'il est bon de regarder la réalité en face et de la confronter avec ce qu'elle aurait pu être pour pouvoir mieux canaliser nos énergies et nos ressources collectives à l'avenir.

Je me permettrai donc dans ce premier billet aigre-doux de l'année 2006 de souligner deux non-événements à mettre au passif de notre fierté collective et d'en tirer quelques leçons.

Le premier, c'est notre silence face à des faits marquants de l'histoire de Saint-Armand, des faits arrivés à peu près en même temps, en 1955. Je veux parler de la création de la Caisse populaire locale, de la construction du poste frontalier de Morses Line, du passage du dernier train dans le village et de l'ouverture de l'école Notre-Dame-de-Lourdes. Ce dernier événement a heureusement été souligné par la parution en décembre d'une plaquette souvenir à l'initiative de Mme Georgette Benoit.

Tant d'événements arrivés en 1955, il y avait là plusieurs motifs réunis pour célébrer un cinquantième anniversaire en 2005! Mais non : il n'y eut point de fête pour nous rappeler le souvenir de tous les gens morts ou encore bien vivants liés à ces faits marquants de notre histoire locale. Je me suis d'ailleurs rappelé d'un autre non-événement semblable arrivé dix années auparavant : le cent cinquantième anniversaire de fondation de Saint-Armand en 1845 passé pratiquement sous silence. Pourquoi? Peu importe, au fond. Ce qu'il importe de souligner, c'est qu'il y avait là de formidables occasions de bouster notre fierté collective... Parties remises, espérons-le!

L'autre non-événement qu'il faut rappeler, ce sont les non-élections municipales. Autant je suis fier de notre nouveau conseil municipal, autant je me questionne sur le pourquoi de ces non-élections. De mémoire d'homme, c'était la première fois qu'un conseil municipal était entièrement élu par acclamation à Saint-Armand. Je ne peux m'empêcher de penser que l'indifférence et l'inaction y sont aussi pour quelque chose. Un autre coup dur pour notre fierté collective...

Malgré que nous soyons en 2006 et que ces non-événements fassent maintenant partie du passé, il faut je crois en tirer des leçons pour l'avenir.

mercredi 28 décembre 2005

Le roc de la Falaise a bougé

Vous qui êtes au courant de bien des choses aux alentours,
avez-vous comme moi, qui vit perchée sur les rocs de La Falaise,
ressenti lundi matin le séisme qui nous a touchés?

Il était 10 h 30 environ,
j'ai entendu les poutres grincer dans l'entretoit...
Pas de vaisselle qui tinte,
pas de verres entrechoqués, pas de tremblotement...
J'ai cru avoir rêvé.
C'est le vent...

Plus tard en y repensant
dans la maison j'ai farfouillé.
C'est alors que j'ai constaté quelques fissures
des 'fissouilles', aurait dit ce cher Sol,
dans les jointures de mes murs.
Ce qui m'a fait décréter :
Mais non! J'ai pas du tout rêvé.

Voulant vérifier les faits, aujourd'hui sur l'Internet,
j'ai tapé : « séisme Montréal »
et puis j'ai appuyé.
Sud-ouest de Montréal
Séisme de 4,2 sur l'échelle de Richter

Un tremblement de terre a eu lieu lundi matin au sud-ouest de Montréal.



La secousse d'une magnitude de 4,2 sur l'échelle de Richter s'est produite vers 10 h 30.

L'épicentre était situé à 22 kilomètres à l'est de Huntingdon, tout près de la frontière américaine.

Un tremblement de terre de cette force ne cause pratiquement pas de dommages.

Les gens qui demeurent près de l'épicentre ont pu sentir les murs et les fenêtres trembler, comme lorsqu'un camion lourd passe près d'une maison.

Source : Canoe/LCN

J'ai découvert ainsi qu'il y avait eu effectivement
un tremblement de terre
au Nord-Est des États-Unis au Sud de Montréal,

Donc chez nous!
Chez Nous!
Comme ça, sans nous prévenir!
Amplitude d'à peu près 4 points et des poussières...

Eh bien...
j'hiberne peut-être assez souvent,
mais ce coup-ci m'a vraiment réveillée!
Donc lundi matin,
c'est pas la terre qui a tremblé...

Ici sur la Falaise,
c'est le roc qui a bougé.

Marie-Hélène Guillemin Batchelor
10 janvier 2006

mardi 27 décembre 2005

Pourquoi « Armandie » ?

Caractérisation


Ce blogue est un espace en ligne offert à tous ceux et celles qui ont le goût de Saint-Armand. Le goût de faire mieux connaître et apprécier le patrimoine encore debout dans l'un ou l'autre des lieux qui s'y trouvent, des lieux marqués par une histoire malheureusement trop méconnue. Le goût aussi de découvrir et de mettre en valeur la diversité culturelle, sociale et économique qui est au coeur de sa vitalité présente.

Mais pourquoi avoir appelé cet espace en ligne « Armandie » ?

La diversité, si riche soit-elle, peut aussi être un facteur d'isolement et de division. Ce qui unit Saint-Armand, c'est le fait qu'il s'agit d'une seule et même entité administrative. Dans les faits, notre municipalité regroupe géographiquement des villages, des hameaux et des domaines dont les habitants sont fort différents aux plans culturel et historique.

Pour les fins de ce blogue, j'ai pensé que le nom Saint-Armand étant intimement lié au village central de Saint-Armand, il risquait d'être trop restrictif, peut-être même exclusif. Qu'il fallait donc baptiser autrement cet espace virtuel de façon à ce qu'il soit plus inclusif.

Vous ne trouverez pas le le toponyme Armandie dans la Banque des noms de lieux de la Commission de toponymie du Québec : l'Armandie n'existe que virtuellement. L'Armandie n'existe qu'ici, sur le Web. L'Armandie, c'est le village de Saint-Armand, certes; mais aussi ceux de Philipsburg et Pigeon Hill; et ce sont les hameaux Morses Lines, Guthrie, Rosenburg; sans oublier les domaines Solomon, La Falaise et Rémillard... (et dites-le moi si j'ai oublié votre coin!) dont il faut préserver le plus possible l'identité sachant bien que la plus grande richesse d'un territoire, c'est la diversité de ses lieux et non leur homogénéité.

Partons donc à la découverte de ce qui caractérise l'Armandie!

dimanche 25 décembre 2005

L'église de Noël

Un jour l'imaginaire a flirté avec la réalité... 

Il faut que je vous raconte l'incroyable aventure que j'ai vécue la nuit dernière.

Vous savez que la messe de minuit, c'est une tradition à laquelle on tient beaucoup à Saint-Armand. Chaque année depuis des lustres, l'église Notre-Dame-de-Lourdes se remplit le soir du 24 décembre et reste pleine à craquer pendant près de deux heures. C'est qu'on aime s'y retrouver au coude à coude une fois par année pour fêter la Noël avec ce qu'il nous reste de ferveur en bout d'année. On vient écouter la chorale chanter avec ardeur et toussotements les vrais cantiques de Noël. On vient entendre le silence soudainement rompu par le braillement d'un tout-petit et le chut! de sa maman. On vient voir des dizaines d'hommes et de femmes d'un âge certain s'agenouiller devant un enfant de plâtre. On vient flairer l'encens qui s'insinue parmi les arômes des parfums et des cierges allumés. On vient retrouver le goût d'enfance de l'hostie de blé azyme. On vient se laisser ravir par la verve et la bonhomie du curé tellement-inspiré et tellement-souriant à Noël. On vient avec du brillant dans les yeux se souhaiter Joyeux Noël entre connus et inconnus comme si nous nous connaissions depuis toujours...

Hier soir, c'était le 24 décembre. Mais un 24 décembre plus du tout comme les autres avant. Parce qu'à Saint-Armand depuis quelques mois il n'y a plus d'église Notre-Dame-de-Lourdes. En lieu et place il y a maintenant un terrain vague. Démolie, l'église Notre-Dame-de-Lourdes, disparue au nom du bon sens rentable. Je vous épargne les détails parce que vous pouvez comme moi les imaginer : l'église était devenue un fardeau financier pour la fabrique, qui l'a offerte au conseil municipal, qui a consulté ici, consulté là, consulté finalement par référendum les citoyens contribuables, qui ont dit non à une encore augmentation de leur compte de taxes foncières : « On a déjà un centre communautaire presque neuf qui ne sert pratiquement jamais à la collectivité; pourquoi faudrait-il payer pour un deuxième... » Un mois plus tard, il n'y avait plus de parvis en béton à Saint-Armand, plus de clocher argenté qu'on voit de loin, plus d'église en briques rouge fatigué...

Attentif, le curé avait cependant promis solennellement à la population armandoise, résignée devant l'inéluctable, de perpétuer la tradition de la messe de minuit à Saint-Armand même après la démolition de l'église Notre-Dame-de-Lourdes. Hier soir donc, pour la première fois depuis 1845, la messe de minuit à Saint-Armand était célébrée non plus à l'église mais sous le toit cathédrale du centre communautaire...

En descendant la côte qui mène au village, j'eus toute une surprise. Il n'y avait personne au centre communautaire, pas la moindre lumière, pas d'autos dans le petit stationnement d'en face... Je crus un instant m'être trompé de jour à moins que... Le curé nous aurait-il trompé? La messe de minuit serait-elle déménagée dans une vraie église restée encore debout, Saint-Philippe à Philipsburg peut-être?

Quelques centaines de mêtres plus loin, exactement là où il y a cinquante ans se trouvait une traverse de chemin de fer, je jetai un coup d'oeil machinal vers l'endroit où se dressait jadis fièrement l'église Notre-Dame-de-Lourdes pour m'apercevoir... Non, je rêve ou quoi? Elle était là, toute éclairée, avec son parvis de béton et son clocher argenté plus que jamais... Elle était là, l'église Notre-Dame-de-Lourdes en briques plus rouges que je ne les avais jamais vues... Et le grand stationnement d'en face était rempli comme autrefois. Et des hommes, des femmes et des enfants s'y dirigeaient prestement, joyeusement...

L'église serait-elle réapparue par miracle pour que les Armandoises et les Armandois puissent continuer la tradition de la messe de minuit vieille de 160 ans? Incrédule, j'ai voulu m'en assurer, je suis entré à mon tour et... comme j'ai apprécié retrouver ce coude à coude annuel pour fêter la Noël avec ferveur. Écouter la chorale chanter avec ardeur et toussotements les vrais cantiques de Noël. Entendre le silence soudainement rompu par les braillements de tout-petits et le chut! de leur maman. Voir des dizaines d'hommes et de femmes d'un âge certain s'agenouiller devant le Petit Jésus de plâtre. Flairer l'encens s'insinuer parmi les arômes des parfums et des cierges allumés. Retrouver le goût d'enfance de l'hostie de blé azyme. Me laisser ravir par la verve et la bonhomie du curé tellement-inspiré et tellement-souriant à Noël. Souhaiter Joyeux Noël avec du brillant dans les yeux aux gens connus comme aux inconnus comme si nous nous connaissions depuis toujours...

Joyeux Noël!

Jean Trudeau
Saint-Armand
25 décembre 2005

mardi 20 décembre 2005

L'avenir du chemin de Saint-Armand

Mémoire présenté dans le cadre des audiences du B.A.P.E. sur le parachèvement de l'autoroute 35 :

L'échangeur Montgomery à Philipsburg et son impact sur le chemin de Saint-Armand



jeudi 15 décembre 2005

Le couvent des Religieuses de la Présentation de Marie (1939-1954)

Par Andrée Chabot Vallières

Suite à l'incendie de l'école du village en 1938, mon père Wilfrid Chabot et monsieur Adrien Neveu firent des démarches pressantes auprès des religieuses de la Présentation de Marie de Saint-Hyacinthe afin qu'elles viennent participer à l'éducation des enfants du village. Ils étaient appuyés par M. le curé Saint-Pierre et les membres de la Commission scolaire : Moïse Chevalier, président, Arcade Édoin, Augustin Benoit, Raoul Pelletier et Alcide Roy, commissaires. Il fut difficile d'avoir leur acceptation parce qu'il y avait déjà un couvent de la même communauté à Philipsburg; mais les efforts ne furent pas vains.

En 1939, la Commission scolaire achetait l'hôtel de M. Philippe Ménard, situé entre le 421 et le 425, chemin Luke, afin de le céder aux religieuses pour la somme d'un dollar (1,00 $). L'édifice modifié est devenu le couvent du village.


L'ancien hôtel de Philippe Ménard.
En 1939, il fut vendu à la Commission scolaire de Saint-Armand-Ouest et réaménagé en couvent par les Soeurs de la Présentation de Marie.
Source : Album du Centenaire de la paroisse Notre-Dame-de-Lourdes, p. 51
Un escalier extérieur montait aux classes; une grande galerie sur laquelle on s'amusait les jours de pluie bordait la façade et le côté sud. Deux allées de petits cailloux gris enjolivées de lisières de hostas conduisaient aux entrées principales. La porte de droite donnait accès au parloir et à la chapelle, tandis que celle de gauche servait d'entrée aux pensionnaires.

Soeur Philippe-du-Sauveur fut la première directrice. Elle était accompagnée de Soeur Pierre-Julien, Soeur Aimé-de-la-Providence et Soeur Emmanuelle, enseignantes, et de la cuisinière, Soeur Donatienne, qui cultivait un grand jardin et y travaillait ardûment.

Au cours des ans, le pensionnat a accueilli de nombreux enfants, d'ici et d'ailleurs. Notre ami Élie Pelletier nous rappelle les noms des premiers pensionnaires : Maurice Rocheleau, Luc Fournier, Rhéa Rhéaume, Gisèle et Estelle Beauregard. Étant trop jeune pour fréquenter l'école au début, je me souviens qu'en première et deuxième années, ma soeur Lise et moi étions demi-pensionnaires; nous soupions, faisions nos travaux scolaires et dormions au couvent, mais nous allions dîner chez-nous... en courant, je crois.


Cette photo de deux pensionnaires nous permet de voir les allées de hostas en façade du couvent. Les deux pensionnaires sont les nièces de Madame Juliette Desranleau, Marielle et Lise Reed.
Source : Album personnel de l'auteure
Je me rappelle que Soeur René-de-la-Croix, Soeur André-du-Sacré-Coeur (soeur de sang de Soeur Pierre-Julien), Soeur Saint-Denis, Soeur Saint-Isaïe (professeur de musique) ainsi que Soeur Mathilde-du-Divin-Coeur (dernière directrice) ont fait partie intégrante de notre éducation. N'oublions pas notre adorée Soeur Léonce : elle cuisinait des bonbons en sucre d'orge, de la tire Sainte-Catherine et des pets-de-soeurs tout à fait exquis.

Les religieuses enseignaient de la première à la neuvième année aux enfants de l'arrondissement et aux pensionnaires. Nous pouvions aussi enrichir notre formation par des cours de piano, de chant et de théâtre.


Soeur Philippe du Sauveur, première directrice de l'école, surveillant un groupe d'enfants dans la cour.
Source : Album du Centenaire de la paroisse Notre-Dame-de-Lourdes, p. 51
Vous souvenez-vous du 21 novembre, fête de la Présentation de Marie au temple, d'après le calendrier liturgique? C'était une journée sans cours académiques. Il y avait beaucoup d'animation ce jour-là; on présentait un spectacle préparé des mois durant. Les parents venaient admirer leurs jeunes qui s'exécutaient sur la scène en chantant, déclamant un poème ou en pianotant des airs de Mozart, Chopin ou Beethoven. La musique classique était de mise. Le répertoire plus populaire était celui de La Bonne Chanson de l'abbé Gadbois.

Le même scénario se répétait à la fin de l'année scolaire, avec un nouveau spectacle qui valorisait toujours les élèves. Les religieuses soulignaient aussi de façon différente la fête de Mère Marie Rivier, fondatrice de la communauté.

À l'époque, les pensionnaires portaient une robe noire avec collet et poignets rigides blancs (style collet romain), jupe à plis avec une ceinture bleue ornée d'un "M" pour attache. Le "M" signifiait Marie. C'était l'uniforme traditionnel de toutes les pensionnaires de la Présentation de Marie. Plus tard, le costume était légèrement modifié : la robe toujours noire avait un collet et des poignets blancs plus souples, et la ceinture, une boucle blanche. Pour les garçons, rien de spécial : le veston et la cravate pour les jours de fête.


Andrée Chabot, dans sa tenue de pensionnaire.
Source : Album personnel de l'auteure
C'est en juin 1954 que se 'tourne la page' du Couvent de Saint-Armand.

Soeur Pierre-Julien y était enseignante depuis les débuts. Ses élèves et leurs parents ont été heureux de la revoir plus tard, lors du centenaire de la paroisse en 1978. Elle est décédée à Granby, le 10 mars 1981.

À cause de l'enseignement reçu, de la discipline, du dévouement inlassable et de la grande générosité des religieuses, nous sommes remplis de reconnaissance et, du fond du coeur, nous leur disons un GRAND MERCI!

En septembre 1954, deux laïques, Marie-Reine Lamothe et Laura Larochelle, prennent la relève. Au début de l'hiver, le chauffage tombe en panne et l'école est fermée : il faut déménager. Le salon de mes parents accueille une classe; l'autre s'installe au sous-sol de l'église.

Quelques années plus tard, l'immeuble vendu à M. Roméo Pelletier tombait sous les pics des démolisseurs. Le bois de charpente récupéré servit de départ à la construction d'une nouvelle maison.

Notre Alma mater n'est plus... mais les souvenirs restent gravés à jamais et nous avons voulu les partager.

mercredi 14 décembre 2005

La Commission scolaire Saint-Armand-Ouest (1872-1972)

Regard sur un siècle d'histoire

Faits saillantsDocuments et Lois
Années 1870Des recherches font mention d'un échange de correspondance datant de 1872 en vue d'organiser un réseau scolaire dans notre milieu. Après l'érection canonique de la paroisse en 1878, les curés deviennent de précieux promoteurs de notre école.
Années 1890La Commission scolaire Saint-Armand-Ouest est officiellement constituée le 1er juillet 1893. Arrêté en conseil
Source : Archives nationales
Années 1920En 1928, les archives locales sont détruites dans un incendie.
Années 1930Les écoles de Morgan Corner et du village de Philipsburg sont détachées et forment la Commission scolaire Saint-Philippe de Philipsburg. Arrêté en Conseil
Répartition de la dette
Années 1940Contrôle des absences1943 - L'instruction est obligatoire jusqu'à 14 ans.
1944 - La gratuité des manuels scolaires.
Années 1950Fermeture des écoles de rang, début du transport scolaire.La centralisation : construction d'écoles modernes
Années 1960Délégués à la Commission scolaire régionale : Joseph Messier, Marcel Ménard, Jean Louis Houle

Fermeture de l'école Saint-Thérèse de Pigeon Hill (1963)

Ouverture des classes de maternelles

Entente avec Philipsburg pour répartir les classes
1964 - Création du ministère de l'Éducation, formation des commissions scolaires régionales pour regrouper le secondaire.
Années 1970Formation de la Commission scolaire des Rivières (siège social à Farnham)

Élection d'un commissaire, Clément Benoit, pour représenter Saint-Armand et Philipsburg

1er juillet 1972 - Dissolution de la Commission scolaire Saint-Armand-Ouest
Regroupement régional de l'élémentaire, suite à la Loi 27






Liste des commissaires : président, secrétaire-trésorier

LISTE...............

Les archives de 1928 à 1972 sont conservées à la Cité de l'histoire, rue Principale à Granby.

jeudi 1 décembre 2005

Ouvrir ou fermer nos églises?

Billet aigre-doux

D'ici le 11 janvier 2006, soirées publiques d'information et de discussion sur l'avenir de la communauté et de l'église dans les cinq paroisses que dessert l'Unité pastorale des Frontières. La première avait lieu le 21 novembre 2005 à Philipsburg et rassemblait une vingtaine de personnes, une dizaine si on exclut les membres du comité de réflexion venus présenter l'état de la situation. Celle de Saint-Armand, le 24 novembre 2005, regroupait une cinquantaine de personnes incluant les membres du comité.

J'ai noté quelques chiffres qui donnent un aperçu de la situation.
  • Sur le territoire de l'Unité pastorale des Frontières, 7,5 % de la population catholique fréquente l'église. Selon les chiffres du dernier recensement (2001), Saint-Armand-Philipsburg compte 748 catholiques sur une population de 1247 habitants.

  • Sauf à Bedford, chaque église est l'hôte d'une célébration un dimanche sur deux : en moyenne, 14 % des places sont alors occupées, dont près de la moitié par des paroissiens de l'extérieur; en moyenne, chaque église est ouverte au culte 29 heures par année. Coûts fixes de chaque célébration : 350 $ à l'église Saint-Philippe de Philipsburg; 463 $ à l'église Notre-Dame-de-Lourdes de Saint-Armand.

  • Selon les paroisses, entre 20 et 28 % des paroissiens paient la dîme (40 $/an). Nos paroisses bouclent leur budget grâce à la générosité de fondations ou à des revenus provenant d'activités de financement. L'Unité pastorale des frontières fait face à un déficit de 387 000 $.

  • Actuellement, le diocèse de Saint-Hyacinthe compte 84 prêtres dont 56 sont affectés aux 104 paroisses; en 2015, il restera 27 prêtres ayant moins de 69 ans dans le diocèse; deux candidats sont en formation vers la prêtrise.

  • Il est de plus en plus difficile de recruter des bénévoles dans les paroisses; il faut parfois faire appel à des personnes de l'extérieur pour les besoins des cérémonies liturgiques.

  • Dans certaines paroisses dont les nôtres, un ou deux enfants seulement participent aux activités d'initiation à la vie chrétienne (qui remplacent les cours de catéchèse qu'on élimine graduellement dans les écoles du Québec maintenant déconfessionnalisées).

  • Beaucoup d'églises du diocèse ont été ou sont en voie d'être reconverties, notamment celle de Sainte-Sabine (édifice municipal) et trois à Granby (gymnase, CLSC, bibliothèque...); des projets sérieux d'acquisition sont à l'étude, entre autres à Sorel où 2 églises répondraient aux besoins (il y en a 4) et à Saint-Hyacinthe où 3 suffiraient (il y en a 11).

Ce n'est là qu'un bref aperçu de la situation décrite par le comité de réflexion sur l'avenir de nos communautés et de nos églises : ne serait-ce que pour prendre conscience du drame qui se vit actuellement dans nos paroisses, assister à ces soirées en vaut la peine. L'aspect financier ('le nerf de la guerre') y est notamment décrit dans ses moindres détails -- on y apprend par exemple que le prix chargé pour des funérailles (300 $) n'en couvre même pas les frais! La problématique de survie qui découle de la fragilité financière, est fort bien posée : pas de viabilité possible pour une église sans une plus grande vitalité de sa communauté.

Statistiquement, je fais partie des 92,5 % de croyants catholiques à la recherche de sens qui vivent leur spiritualité en marge de la communauté 'pratiquante'. L'avenir de l'Église et de nos églises m'interpelle pourtant profondément. Notre quête de sens 'hors de l'église' a besoin de signes pour s'alimenter. Or, les signes 'dominants' dans notre société sont plutôt négatifs merci, particulièrement dans les médias : violence, domination et exploitation de l'homme par l'homme; inégalités et dépendances de toutes sortes, réelles comme virtuelles; égocentrisme et mépris allant jusqu'à la destruction de la dignité, de la vie et de la nature elle-même, sous le couvert du plaisir, du développement et de la rentabilité... Réfugiés dans notre individualisme et dans nos chaumières pour échapper au pire, nous avons tellement besoin de signes positifs pour garder un minimum d'espoir vital, comme de voir des gens autour de nous qui continuent à croire en Dieu et à se rassembler pour le prier...

C'est bien là la tragédie. Nos églises doivent fermer faute de viabilité au moment où il faudrait qu'elles s'ouvrent et manifestent leur vitalité pour ostensiblement soutenir notre foi dans la vie et notre espérance dans l'humanité.

Jean Trudeau

« Nous, on s'en fout! » ou Les grands absents aux audiences du BAPE sur l'autoroute 35


DE Saint-Armand sur le Web
Billet aigre-doux du 17 décembre 2005


Les 45 jours des audiences publiques du BAPE sur le parachèvement de l'autoroute 35 viennent de prendre fin. Chacune des séances de la Commission nous a permis de vivre une expérience profondément démocratique. Une expérience caractérisée par l'écoute et le respect dont les commissaires, Mme Claudette Journault et Mme Lucie Bigué, ont fait preuve à chaque séance auprès de tous les intervenants, spécialistes aussi bien que citoyens. Grâce à cette Commission, une grande quantité d'information concernant les multiples aspects du projet a été rendue disponible (voir le site Web du BAPE) et tant soit peu compréhensible. L'information est la base d'une véritable démocratie : ne serait-ce que pour soutenir ce principe, le BAPE a sa raison d'être.

C'est aussi grâce à la tenue de ces audiences publiques, que chaque citoyenne et citoyen, individu comme corporation, que tous ont pu émettre ouvertement et publiquement leur opinion sur le projet mis de l'avant par le ministère des Transports du Québec, exprimer leurs préoccupations, faire des recommandations, argumenter en faveur ou contre le projet. L'ensemble des interventions fera maintenant l'objet en mars prochain d'un rapport synthèse de la Commission au ministre du Développement durable, à qui reviendra le mot de la fin.

Le projet de parachèvement de l'autoroute 35 affectera particulièrement Saint-Armand. En effet, si l'autoroute permettra de contourner toutes les municipalités le long de son parcours, c'est tout le contraire à Saint-Armand, puisqu'elle viendra définitivement enclaver une partie de la municipalité, ne laissant à toutes fins utiles qu'un étroit passage entre Philipsburg et Saint-Armand. Quel sera l'impact de ce corridor autoroutier nord-sud avec ses trois échangeurs sur notre vie quotidienne, sur notre sécurité, sur la macro-économie de notre région et la micro-économie de chacun de nos villages et hameaux, sur la nature environnante déjà fragilisée, sur notre patrimoine menacé d'abandon, sur notre culture qui peine à survivre, sur notre agriculture en crise, sur notre démographie en péril? Bref, quel sera l'impact du parachèvement de l'autoroute 35 au terme de cette décennie sur l'avenir de Saint-Armand?

À quelques exceptions près, les audiences publiques du BAPE n'ont pas permis d'avoir de réponses à ces interrogations. La raison en est bien simple : les organisations publiques de notre région qui ont pourtant les ressources financières et humaines pour le faire ont brillé par leur absence tout au long des audiences. Ceux qui auraient pu et dû venir aborder publiquement les impacts sociaux, culturels et économiques du projet dans notre milieu se sont tus. Où étaient les représentants de la MRC de Brome-Missisquoi, de la CRÉ de Brome-Missisquoi, du CLD Brome-Missisquoi, du Mouvement Desjardins, de la Corporation de développement de Bedford et région, de la Commission scolaire de Val-des-Cerfs, des grandes entreprises qui ont pignon sur rue dans la région... Absents : motus et bouche cousue! Tous, pourtant, disent jouer un rôle régional et servir les intérêts des grandes comme des petites municipalités quand vient le temps de piger directement ou indirectement dans les poches des contribuables de Saint-Armand...

Ce qui, à mes yeux, ressort d'une manière flagrante de ce silence de nos instances régionales aux récentes audiences du BAPE, c'est combien profonde est l'aliénation d'un 'petit milieu' comme le nôtre à la suite de la régionalisation et la centralisation systématiques de nos services publics durant les dernières décennies. Loin des yeux, loin du coeur : les sentiments d'appartenance et de solidarité régionale seraient-il en train de s'émousser dans ce pays? Faut-il décoder le message que nous envoie cette non-participation par : « On s'en fout pas mal de Saint-Armand et de sa baie qui stagnent; arrangez-vous avec votre autoroute, on a d'autres chats à fouetter dans nos villes-centres »?

Il y a, heureusement, deux côtés à une médaille. Il nous reste encore une tribune démocratique locale bien en place : le Conseil municipal. Et il y a de l'espoir de ce côté pour les 1 297 habitants de Saint-Armand. J'y reviendrai sans doute dans un prochain billet.

Jean Trudeau