mardi 15 mars 2005

Conclusions de la Commission mixte internationale sur l'état de la baie Missisquoi

En se fondant sur le rapport du Groupe de travail international de la baie Missisquoi (annexes 2 et 3) et sur les commentaires exprimés à l'occasion des vastes consultations publiques, la Commission est convaincue que le pont-jetée n'a aucun effet sur les niveaux d'eau au Canada et qu'il influe de façon négligeable, s'il en est, sur les débits ou les régimes de circulation au Canada. En outre, la Commission est convaincue que ni le pont-jetée ni le nouveau pont ne causent de pollution susceptible de nuire à la santé ou aux biens de part et d'autre de la frontière.

Nonobstant les réponses ci-dessus aux questions précises posées par les deux
gouvernements, la Commission conclut que la qualité actuelle de l'eau dans la baie Missisquoi est inacceptable et porte atteinte à la santé et aux biens dans les deux pays en plus de constituer une menace à la santé du lac Champlain. La Commission prend note que l'État du Vermont et la Province de Québec ont signé des ententes, élaboré des plans d'action et pris d'autres mesures pour corriger la situation. Néanmoins, compte tenu de la gravité de la situation, la Commission exhorte les deux parties à prendre immédiatement des mesures significatives pour régler le problème de la surabondance du phosphore dans la baie et améliorer ainsi la santé écologique de la baie, en particulier, et du lac Champlain, en général. La Commission recommande que le Vermont et le Québec augmentent leurs investissements financiers et accélèrent leurs programmes respectifs de réduction des concentrations de phosphore dans la baie.

En ce qui a trait au pont-jetée, la Commission appuie la conclusion du groupe de travail, selon laquelle l'enlèvement du pont-jetée aurait une incidence négligeable sur les niveaux de phosphore dans la baie. Toutefois, la Commission est consciente que la majorité des résidents de la région croient que le pont-jetée est une des principales causes des problèmes de pollution de la baie. En fait, ces résidents y croient si fermement que la Commission est d'avis que tant que le pont-jetée restera en place, les collectivités locales ne prendront pas les mesures nécessaires pour réduire les apports de phosphore dans la baie. Par conséquent, la Commission recommande que le pont-jetée soit enlevé, à condition que les gouvernements du Canada et du Québec consacrent un montant équivalent au coût de l'enlèvement du pont-jetée à des initiatives visant à réduire les apports de phosphore dans la baie et à faciliter l'aménagement d'un habitat à la tortue molle à épines.
Source : Commission mixte internationale Canada et États-Unis, Rapport aux Gouvernements des États-Unis et du Canada -- Impacts transfrontaliers du pont-jetée de la baie Missisquoi et du projet de construction d'un nouveau pont sur la baie Missisquoi (document pdf) qu'on peut télécharger sur le site de la CMI)

Le monde en parle...

  • 1812-1814 : Drôle de guerre à Missisquoi Bay

    Dans le CyberMagazine Patrimoine des Cantons, un récent article nous révèle que la Guerre de 1812 était une bien drôle de guerre dans le Bas-Canada, particulièrement à la baie Missisquoi. On y apprend, grâce à la correspondance de Charles Caleb Cotton et de C. J. Stewart, ministres anglicans à Philipsburg à cette époque, que la milice locale était peu motivée pour livrer bataille à nos voisins des États du Vermont et de New York. La milice était plutôt « a motley crew of farmers, citizens, tavern-keepers, and traders, etc. not a regular soldier among them ». En fait, cette 'guerre' a plutôt contribué à renforcer à cette époque les échanges économiques des deux côtés de la frontière...

    Les auteurs Heather Darch (Missisquoi Museum) et Michel Racicot (Cowansville Historical Society) racontent entre autres cet incident qui en dit long sur l'esprit guerrier du temps :

    The final "drama" for the Missisquoi Bay area occurred when members of the Eastern Townships militia marched in Sir George Prevost's invasion from Lower Canada to New York State in 1814. Among the militia were the "Silver Greys", a company consisting of men over 60 years of age. They marched all night to Burlington where they boarded a sloop for Plattsburg. They saw little combat and returned to their farms and families. It was a typical scenario for the Missisquoi "soldiers".

    A DISTANT DRUM: THE WAR OF 1812 IN MISSISQUOI COUNTY est un article à lire si l'histoire locale vous intéresse; c'était au temps de John et Philip Ruiter à qui, notamment, Philipsburg doit son nom.

    En passant, le CyberMagazine Patrimoine des Cantons de Matthew Farfan est un site Web incontournable pour découvrir l'histoire et le patrimoine des Cantons de l'Est.



  • Les hauts et les bas de la viticulture dans Brome-Missisquoi

    Denis Lord rencontre quelques viticulteurs de Dunham et fait avec eux un portrait réaliste de la situation qui prévaut dans les vignobles de la région : Au coeur du vignoble québécois, une bonne réglementation s'impose pour garantir qualité et conservation, dans ledevoir.com, édition du mercredi 16 mars 2005.
    «Nous n'avons pas réussi à créer de bonnes variétés rustiques au Québec, souligne M. de Coussergues. On a tenté d'hybrider la vigne indigène, le riparia, avec d'autres cépages, mais le riparia transmet son mauvais goût. Et ça coûte cher de faire des tests. En 23 ans de culture au Québec, j'ai essayé 66 variétés.»


  • Une histoire de pêche... au GPS!

    Dans le magazine Québec-Pêche, Patrick Campeau raconte une autre de ses histoires de pêche, cette fois de pêche au GPS dans la baie Missisquoi. C'est à lire si la pêche technologique vous intéresse :
    Lors d'une excursion de pêche sur le lac Champlain, j'ai fait un test avec un de mes copains sceptiques du fonctionnement des GPS. J'avais localisé sur la carte bathymétrique, un îlot sous-marin, qui était en plein milieu d'une immense baie. J'estimais que ce dernier mesurait approximativement 10 mètres par 7 mètres. La baie en question devait mesurer 4 kilomètres par 10 kilomètres...


  • L'église de Pike-River est bel et bien à vendre

    Une décision crève-coeur mais nécessaire, avoue la présidente de la fabrique, Marthe Lareau. Selon la dame, la paroisse connaît son lot de problèmes depuis quelques années. "Ça fait trois ans que ça dégénère. Les paroissiens ont été mis au courant de la situation par écrit, mais ça n'a rien changé. Il a bien fallu prendre une décision, souligne-t-elle. C'est dommage. Le seul endroit qu'il nous reste pour nous rassembler, c'est ici." (Église cherche preneur, par Isabel Authier, dans La Voix de l'Est, édition du 25 février 2005)


  • Le ministre Mulcair n'oublie pas la baie Missisquoi

    Le ministre Mulcair a repoussé les arguments de l'UPA (de la Gaspésie et des Îles) et cité des exemples de pollution agricole ailleurs au Québec. « Lorsqu'un chien boit de l'eau dans la baie Missisquoi et qu'il meurt, ce n'est pas une fiction, et ça, c'est la réalité et c'est la pollution d'origine agricole qui est la source du problème », a notamment mentionné le ministre. Mulcair croise le fer avec les agriculteurs de la Gaspésie, radio-canada.ca, 23 février 2005


  • ... la gestion de l'eau par bassin versant dans Le Coopérateur agricole

    Nathalie Fortin fait le point sur la gestion des bassins versants du Québec dans un article en ligne du Coopérateur agricole (février 2005) intitulé Penser globalement, agir localement. On y apprend que parmi les organismes qui en assurent la gestion, trente-trois ont été identifiés comme prioritaires, dont la Corporation Bassin versant Baie Missisquoi. C'est une bonne source de renseignements pour mieux connaître le mandat, la composition, le budget et le mode de fonctionnement de la CBVBM.

    À la lecture de l'article, on comprend également mieux les limites de leur pouvoir d'intervention jusqu'à maintenant : « Le ministère de l'Environnement modifiera, au cours de cette année, le Règlement sur les exploitations agricoles pour intégrer à ses normes la gestion par bassin versant. Les producteurs pourront s'engager de deux façons pour que cette gestion globale de l'eau se concrétise localement : en tant que membre d'un organisme de bassin versant, pour participer à l'élaboration des orientations et des objectifs de restauration ou de conservation des rivières; ou comme acteur de l'eau, en réalisant les actions inscrites dans les plans directeurs de l'eau. »



  • ... de Conservation baie Missisquoi dans L'Avenir & Des Rivières

    Pierre Leduc, président de Conservation baie Missisquoi, fait part à la journaliste Mylène Grenier des projets de son organisme pour 2005 : Des projets sur la table pour Conservation baie Missisquoi. Il y est question notamment d'un support auprès des agriculteurs de la région qui auraient besoin d'aide pour dépasser les normes environnementales : « En faisant une bande-riveraine plus large, ils perdent de l'argent parce qu'ils ne peuvent plus faire de la culture. On travaille sur une formule au niveau de la taxation pour que les agriculteurs ne perdent pas au change. » On trouve également dans cet article un aperçu des réalisations de Conservation baie Missisquoi en 2004, année du 15e anniversaire de fondation de l'organisme.

    Malgré tout le travail effectué pendant ces quinze années, il reste beaucoup à faire pour dépolluer la baie d'ici 2009 (selon l'engagement pris par nos gouvernements). Imaginons un instant quelle serait la situation sans l'implication des membres d'un organisme comme CBM : un gâchis irréversible! Un constat de Pierre Leduc est cependant inquiétant : « L'un des problèmes, c'est qu'on a de la misère à avoir un programme spécifique à une région parce qu'avec le gouvernement, il faudrait que ça soit valide à l'échelle du Québec ». Moi qui croyais que la baie Missisquoi était une priorité pour le ministère de l'Environnement. Des promesses, des promesses... JT


  • ... de Saint-Armand/Philipsburg dans Le journal Les Professions d'ici

    Agréable surprise : Le journal Les professions "L" d'ici, édition février 2005, récidive avec un deuxième cahier spécial sur Saint-Armand et Philipsburg. Cette fois avec des photos d'actualité (pêche blanche), la petite histoire surprenante de l'hôtel Lafayette et intrigante du Nigger Rock ainsi qu'une visite géologique de nos carrières (par Gilbert Beaulieu). Aussi, des propos historiques fort intéressants sur les origines de Philipsburg (par Ginette Gendreault). L'équipe de ce jeune journal fait un travail inestimable pour faire connaître la petite et la grande histoire de nos cantons tout en faisant la promotion des commerces et des industries de la région. Une bonne main d'applaudissements!



  • ... de la baie Missisquoi dans Géo plein air

    Dans le magazine Géo plein air, numéro de février 2005, Denis Lord signe un article intitulé : Baie Missisquoi : vers une remise à flots. « Le lac Champlain n'est plus le paradis récréatif qu'il était. À qui la faute? », se demande le journaliste. Rejoint par courriel, Denis Lord résume ainsi son article : « C'est un papier sur la déphosphorisation de la baie, avec des entrevues avec Chantal D'auteuil, Jean-Roberge Boucher, Denis Paradis, Nathalie Jaume et une couple d'autres. » Les photos sont splendides, à croire que la baie est encore un 'paradis'... On ne sait jamais : peut-être qu'en 2009...

mardi 1 mars 2005

Merci à l'Unité pastorale des Frontières



    Allocution de Soeur Reine-Marie Montpetit pm, au terme de la célébration tenue le 31 juillet 2005 en hommage aux Soeurs de la Présentation de Marie à l'occasion de leur départ de Philipsburg.


C'est avec joie, et en même temps une grande émotion, que je m'adresse à l'équipe d'animation pastorale de l'Unité des Frontières, à son pasteur Danik et à vous tous ici présents à l'occasion de ce rassemblement, soulignant le départ officiel de notre communauté des Soeurs de la Présentation de Marie, départ plus précisément de Philipsburg.

Ce sont des mots d'amitié, de fraternité, d'appréciation, de reconnaissance qui montent à mon esprit et à mon coeur et, j'en suis convaincue, au coeur de toutes celles qui ont vécu cette grande aventure que fut la vie de la Congrégation au Couvent de Philipsburg depuis 1934. Que de beaux et bons souvenirs sont enfermés dans les murs de cette maison et à travers le petit village de Philipsburg et de la région. Combien de paroles d'encouragement, de sourires partagé, de peines soulagées par les hasards des routes croisées ou des portes visitées. Merci pour votre présence aux heures de bonheur comme aux heures plus difficiles.


Célébration par Danik Savaria,
dans un lieu naturellement propice au recueillement...

Merci aux différentes équipes de pastorale qui se sont succédé sous des formes variées, car, imaginez, depuis 70 ans l'évolution dans l'Église et dans le monde a amené de la variété; mais toujours les Soeurs ont eu leur part privilégiée. Pendant mon séjour à Philipsburg les équipes connues nous ont apporté une richesse spirituelle à nulle autre pareille.

Comme il fut bon ce contact avec les élèves de tous âges, où le dynamisme des jeunes suscitait le zèle de chaque religieuse pour inculquer des connaissances et des principes précieux pour une vie réussie et centrée sur Jésus-Christ. Aucun ni aucune de nos élèves n'est tombé dans l'oubli. Merci à chacun et chacune d'avoir été sur notre chemin.


...devant l'église, sous les arbres,
face à la baie Missisquoi.

Que dire des 30 ans et plus pendant lesquelles les Soeurs ont accueilli des groupes de toute nature pour des ressourcements spirituels, humains, sociaux, etc. sans oublier, bien sûr, la période inoubliable du verglas. On y a vécu des heures intenses de vie chargées d'émotions tellement pleines et variées, qu'il est risqué d'en parler en quelques mots. Merci à tous ceux et à toutes celles qui nous ont permis de vivre ces moments qui nous ont rapprochées de vous et de Dieu.


Soeur Reine-Marie Montpetit pm,
dernière directrice de la Maison En-Gaddi

Je m'en voudrais de ne pas parler de deux personnes que la plupart d'entre vous auraient aimé rencontrer aujourd'hui. J'ai nommé Soeur Jean-du-Carmel (Berthe Gauthier) et Soeur Thérèse-Gabriel (Adrienne Mandeville). Malheureusement l'état de santé de l'une et le grand âge de l'autre les ont empêchées de ce présenter à cette rencontre trop chargée d'émotions et de souvenirs. L'une et l'autre vous affectionnent grandement et vous saluent chaleureusement. Elles sont ici de coeur et d'esprit vous le sentez bien, j'en suis certaine.


Soeurs de la Présentation de Marie,
elles sont aussi deux soeurs de la même famille Dandurand,
originaires de Saint-Armand.

Sur ces mots, au nom de toutes les Soeurs de la Présentation de Marie, passées et actuelles, je vous redis tout notre attachement et notre amitié. Philipsburg reste à jamais gravé dans l'histoire de la Congrégation et les personnes sont à jamais portées dans la prière des Soeurs de la Présentation de Marie.


« Au nom de toutes les Soeurs de la Présentation de Marie, passées et actuelles,
je vous redis tout notre attachement et notre amitié. »

Merci pour cette fête magnifique et le dévouement de Danik et de son équipe d'abeilles, bourdonnantes d'idées et d'ardeur. Alors merci très chaleureux à tous et à chacun et chacune, et amitié profonde dans la prière.

Reine-Marie Montpetit pm

De l'éducation au ressourcement

Les Soeurs de la Présentation de Marie à Philipsburg de 1934 à 2005

Un hôtel devenu couvent



En 1934, après avoir acquis l'hôtel de Madame Bouthillier Paquette, les Soeurs de la Présentation de Marie viennent s'établir à Philipsburg.

L'école du village



Dès la première année, des élèves du village, filles et garçons, et des filles de l'extérieur (comme pensionnaires), fréquentent les quelques classes disponibles à ce moment là. Quelques années plus tard, le cours commercial y est implanté. À cette époque la maison peut accueillir un bon nombre de pensionnaires. D'année en année la clientèle augmente.

L'école apostolique



Vers 1952, notre maison se donne une autre vocation, elle devient le « Juvénat » nommé « École apostolique » en 1954, c'est-à-dire, école permettant aux étudiantes aspirant à la vie religieuse, d'étudier davantage leur vocation. Nous dispensons alors les 8e, 9e, 10e et 11e années. Au cours des ans, elle change cette vocation pour devenir une école secondaire avec pensionnat.

La nouvelle école



En 1963, les élèves étant devenues trop nombreuses une construction s'avère nécessaire. Et en septembre 1964, les élèves entrent dans leur nouvelle école; l'ancien bâtiment situé sur notre terrain, servant pour des classes, est acheté par une Dame Larivière et transporté sur la rue Quinn, chemin de Saint-Armand.

À cette époque, il y a jusqu'à 100 pensionnaires; l'ambiance est à la joie. Il fait bon y vivre!

Malgré le grand nombre d'élèves, en 1972 nous devons fermer les portes de notre pensionnat, faute de personnel religieux.

La maison de ressourcement



Dès avril 1973, la maison s'engage alors pour un nouvel apostolat. À l'occasion de la Semaine Sainte de la même année, nous recevons un groupe d'étudiants du Cégep de Saint Jean pour un Céder (repas rappelant la dernière Cène de Jésus avec ses Apôtres).

À partir de ce moment notre maison accueille des groupes de tous genres : jeunes pour classes neige, couples pour week-end d'amoureux, diacres, prêtres, retraites pour religieux, cours, Puits de Jacob, Alcooliques anonymes, sessions variées pour couples, Joie de vivre pour personnes veuves ou séparées ou divorcées, intensifs de toutes sortes, etc. Chaque fin de semaine il fait bon recevoir tous ces gens qui viennent se ressourcer et savourer la vie.

En-Gaddi : « la source »



Le 11 avril 1975, la maison devient officiellement maison de ressourcement inaugurée sous le nom de « Maison En-Gaddi », mot biblique qui signifie source. Pendant vingt-neuf ans, des gens nombreux sont venus à la Source, chercher la force et le courage pour continuer la route et rencontrer leur Seigneur.

Nous n'oublions pas l'année 1998, qui nous permet d'accueillir nos propres concitoyens en cette période éprouvante du verglas, mais devenue grâce de rencontre et prise de connaissance des uns et des autres. Grâces d'entraide, de partage, de joie et de peines dans la maladie pour les uns et de réconfort pour les autres.

La fin d'une époque



Malheureusement, en mai 2004, les religieuses devenues trop peu nombreuses, nous nous voyons contraintes de mettre fin aux sessions. Un an plus tard -- en mai 2005 -- notre maison est vendue pour une autre oeuvre humanitaire.



Nous passons le flambeau qui, nous le souhaitons, continuera de brûler pour la gloire de Dieu et pour le bien et la joie de nos concitoyens que nous avons tant aimés!...


Texte : Soeur Henriette Bombardier
Photos : Album officiel du 150e de Philipsburg (photos 1 et 2), Album des Soeurs de la Présentation (photo 3), Saint-Armand-sur-le-Web (photos 4, 5 et 7), Soeur Henriette Bombardier (photo 8)

La tempête de verglas en 1998, à Philipsburg

SOLIDARITÉ SANS FRONTIÈRES
par Reine-Marie Montpetit p.m.
directrice de la maison En Gaddi de 1996 à 2005

Quand le responsable des mesures d'urgence de notre petite municipalité (moins de 300 personnes) appela au couvent pour demander d'héberger des personnes âgées, sans hésiter, j'ai accepté avec mes soeurs de rendre ce service qui semblait tout à fait normal dans les circonstances.

Quelle émotion j'éprouve de voir arriver la camionnette d'où sort notre premier «hébergé» transporté sur un brancard par des bénévoles de la localité! C'était un malade en phase terminale dont j'ignorais le véritable état. Cet homme devait mourir, après un bref séjour à l'hôpital, avant la fin de la panne d'électricité.

Maison En Gaddi

Nous étions le seul endroit de la municipalité
muni d'une génératrice assez puissante
pour assurer chaleur et lumière à un grand nombre de sinistrés.

Pour mes soeurs et moi, il s'agissait d'accueillir chaleureusement chaque personne qui arrivait pour la sécuriser, et la conduire avec tendresse et bonté dans une chambre propre et convenant le mieux à ses besoins. À ces personnes s'ajoutent les pompiers et les premiers intervenants pour les soins d'urgence qui ont aussi demandé le gîte dans notre maison. Nous étions le seul endroit de la municipalité muni d'une génératrice assez puissante pour assurer chaleur et lumière à un grand nombre de sinistrés.

Toute le nuit, j'ai dû me tenir prête pour répondre aux demandes des gens qui arrivaient en quête d'un abri. Il fallait les recevoir tous et avec le même sourire et la même chaleur, peut-être encore plus que pour les premiers arrivés. Ils étaient inquiets de leurs enfants, de leur maison et de la cave inondée avec des tuyaux crevés et gelés.

Maison En Gaddi

Les dix religieuses ont été formidables
chacune selon ses capacités
et les possibilités de la maison.

Pendant huit jours les gens sont arrivés chacun avec ses besoins; il s'agissait d'y répondre au mieux. J'ai vécu une expérience de solidarité au sens le plus large du mot. Les dix religieuses ont été formidables chacune selon ses capacités et les possibilités de la maison. Et grâce à cette disponibilité nous avons eu la joie d'accueillir quelques-uns de nos parents éprouvés. En plus, j'ai beaucoup admiré le travail des responsables de la cuisine qui ont dû se débrouiller avec des moyens réduits : une cuisinière à gaz de quatre ronds seulement et un seul fourneau, pour servir les repas chauds, jusqu'à 100 dîners en une seule journée.

Tous ceux qui le pouvaient s'offraient pour servir, qui à la vaisselle, qui au ménage, d'autres préparaient des lits pour les nouveaux arrivants. Un homme et une dame ont même ramassé le linge souillé pour aller faire le blanchissage aux États-Unis. Et cela à leurs frais. Mes impressions? La solidarité, c'est communicatif, personne ne reste indifférent!

Il fallait divertir nos gens; j'essayais de leur être présente le plus possible. C'est ainsi que j'ai mieux connu les gens de la région. Quel contact s'est établi alors entre nous! Pour eux, les Soeurs n'étaient plus un mystère. Ils ont appris à les connaître et à les apprécier pour ce qu'elles sont réellement : des personnes humaines avec un coeur ouvert et capables de liens simples avec leurs semblables.

Pour ce qui est des divertissements, les uns jouaient aux cartes, d'autres faisaient des casse-tête, d'autres lisaient... Accompagnés au piano par une de nos soeurs, nous avons participé à de merveilleuses séances de chants. On suggérait des chansons de folklore tirées des livrets de la Bonne Chanson. Francophones et anglophones y allaient avec enthousiasme. Pas de place à la mélancolie.

Maison En Gaddi

La Ministre anglicane est venue visiter ses paroissiens
et m'a demandé de célébrer un service religieux dans notre chapelle,
ce que j'ai accepté avec empressement.

J'ai vécu aussi, pendant cet événement, un véritable oecuménisme puisque au moins trois confessions religieuses étaient présentes dans la maison. Chacun se trouvait à l'aise d'exprimer sa foi. Aucune barrière n'existait entre les personnes. J'ai offert la messe catholique à ceux qui voulaient y participer; des Anglicans, et peut-être des membres de l'Église unie du Canada, y ont assisté. Des prières protestantes ont été faites auxquelles ont participé des catholiques. La Ministre anglicane est venue visiter ses paroissiens et m'a demandé de célébrer un service religieux dans notre chapelle, ce que j'ai accepté avec empressement.

J'ai vécu là un véritable sentiment d'appartenance à l'Église universelle. Jésus-Christ réunissait tout ce monde dans une situation pénible mais consolante. J'ai vécu le même sentiment lors des funérailles du malade que vous avions accueilli la première journée de la tempête de verglas. Les émotions étaient vives de dire ensemble un dernier adieu à une personne que le verglas nous avait permis de connaître et d'entourer au cours de sa dernière maladie.

D'autres émotions, plus joyeuses celles-là, devaient être vécues deux mois plus tard. À la demande des organisatrices de l'Église unie du Canada, la Journée mondiale de prières pour les femmes s'est tenue dans la chapelle du couvent. Quelles retrouvailles! Être là, cette fois simplement réunis pour prier le même Seigneur : quelle solidarité et quelle grâce!

Parler de solidarité, c'est parler d'entraide, de charité, de respect mutuel, de fraternité sans barrières de religion, de sexe et d'âge. En fait, c'est la solidarité sans aucune limite qui nous amène à vérifier notre capacité d'accueil et de service. Tel fut mon vécu lors de la tempête de verglas de 1998.

Maison En Gaddi

En reconnaissance de votre contribution
aux secours apportés aux victimes
de la tempête de verglas de 1998.

J'en suis certaine, les Soeurs de la Présentation de Marie, selon l'esprit de Marie Rivier, notre fondatrice, tout comme les religieux et les religieuses du Canada sont solidaires du monde avec lequel ils vivent.

Source : Bulletin CRC, Hiver 1998. Article reproduit avec la permissions de l'auteure.
Photos : Soeurs de la Présentation de Marie

Quatre époques