mercredi 1 février 2006

La petite histoire du journal Le Saint-Armand

Par Pierre Lefrançois
18 mai 2007


En 2003, la MRC de Brome-Missisquoi réunissait des groupes de citoyens, dans chaque village, afin d’identifier les besoins de chaque communauté en vue d’établir un plan d’ensemble pour le Pacte rural. Les citoyens de Saint-Armand qui participaient à cet exercice ont alors formulé une priorité originale : « créer des outils et des lieux de rencontres et d’activités pour améliorer la vie collective des citoyens ».

Avec la disparition des rencontres hebdomadaires sur le perron de l’église, les occasions de bavarder, de faire des rencontres et d’échanger des nouvelles se faisaient rares. On sentait le besoin de recréer un perron d’église, une occasion de souder les liens et d’augmenter les échanges entre les gens de la place qui ne se voyaient pratiquement jamais et ignoraient tout les uns des autres, un peu comme les citadins.

Quelques citoyens ont alors résolu de fonder un petit journal de village, Le Saint-Armand, qui serait distribué gratuitement, six fois l’an, dans toutes les maisons de la petite municipalité de 1 200 personnes. Ils étaient cinq hommes et deux femmes. Deux d’entre-eux avaient été à l’école du village durant leur enfance tandis que les autres s’étaient installés à Saint-Armand depuis plus ou moins longtemps.

Ils ont commencé en publiant une simple feuille 11 X 17 recto-verso. Ils ont obtenu un soutien de lancement de la part de la municipalité et du Pacte rural. Le premier numéro sortait en août 2003. La magie a opéré dès le début : les gens appréciaient d’entendre parler d’eux et de leur village. Des collaborateurs de tous âges se mirent à écrire pour le Journal, en anglais aussi bien qu’en français (la communauté compte environ 20 % d’anglophones). Le Journal passait rapidement de deux pages 11 X 17 à 4, puis à 6.

Le 3 mai 2004, les sept fondateurs constituaient un organisme sans but lucratif (OSBL) et se dotaient d’une charte pour gérer et assurer la continuité du Journal qui compte 8 pages depuis deux ans et qui est également distribué gratuitement dans les villages voisins où il est apprécié. En mai 2007, l’OSBL qui le gère compte plus de 100 membres et l’équipe des administrateurs et des artisans du Saint-Armand ne cesse de grossir, une équipe de bénévoles dévoués et enthousiastes.

À compter de juin 2007, le Journal passe à 12 pages 11 X 17 imprimées en format tabloïd sur du papier journal recyclé. La publicité y est toujours limitée à 25 % de l’espace de manière à s’assurer que Le Saint-Armand demeure un véritable journal indépendant au contenu informatif.

On y trouve des portraits d’Armandois, agriculteurs, artistes et artisans locaux, intellectuels, camionneurs, etc.; de l’information sur ce qui se trame au conseil municipal et à la MRC, des dossiers et des éditoriaux portant sur les enjeux locaux; des nouvelles des enfants de l’école du village, des jeunes en exode et de ceux qui tentent un retour dans le coin; de l’information sur l’histoire de Saint-Armand, sur son patrimoine bâti, etc.

La publicité et les contributions financières des membres couvrent environ 90 % du budget annuel. Le reste est comblé par des subventions.

Le Saint-Armand est également accessible sur le site « Saint-Armand-sur-le-Web », un site internet fort bien fait qui est l’initiative d’un autre Armandois (http://saint-armand.esm.qc.ca).

En 2005, l’équipe du journal Le Saint-Armand lançait le « Festival des Films… du Monde de Saint-Armand », le FeFiMoSA, qui en sera cette année à sa troisième édition. Cet événement culturel annuel qui se tient sur la place du village durant une fin de semaine complète, au début de septembre, célèbre les cinéastes et travailleurs du cinéma qui sont légion à Saint-Armand et dans les environs. Le FeFiMoSA, qui profite d’un soutien financier dans le cadre du Pacte rural, est désormais une entité indépendante du Journal qui a présidé à sa naissance.

Quant au Journal, il est présentement à la recherche de financement pour assurer sa continuité et sa pérennité puisqu’il ne reçoit aucune subvention cette année. Et ses membres ont encore plein de nouveaux projets pour l’avenir.

« Il n'y a pas de territoires sans avenir, il n'y a que des territoires sans projet » disait Raymond Lacombe, ce paysan français, fondateur de Sol et Civilisation, un groupe de réflexion sur le monde rural, qui a tant marqué la pensée sur la ruralité.