samedi 31 décembre 2005

« Notre région mérite mieux que l'autoroute 35 »


DE Saint-Armand sur le Web
Communiqué de presse du groupe Mieux que la 35

Parachever l'autoroute 35 serait une erreur, notre région mérite mieux

Le ministère des Transports (MTQ) a annoncé l'année dernière le projet de parachèvement de l'autoroute 35 entre la frontière américaine et Saint-Jean-sur-Richelieu. Si le gouvernement va de l'avant, cette autoroute d'une longueur de 38 km serait réalisée en trois étapes durant les années 2006 à 2012. Or, suite à la publication de l'étude d'impact du projet, près d'une vingtaine de requérants ont demandés au ministre du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs de mandater le Bureau d'Audiences publiques sur l'environnement de tenir une audience publique sur le projet.

Au cours de celle-ci, le MTQ a prétendu que la construction de l'autoroute 35 était nécessaire, permettant d'améliorer les trois points suivants : la sécurité routière, la fluidité du transport sur l'axe Montréal-Boston ainsi que la qualité de vie des riverains de la route 133. Durant trois soirées à la mi-décembre le BAPE a entendu diverses interventions sur le projet du MTQ. Or la majorité de celles-ci ont démontré que le MTQ fait fausse route, et ce, de deux manières : les problèmes sont mal identifiés et les solutions sont inappropriées.

Ce projet prévoit la construction d'un échangeur devant la Légion, à l'entrée de Philipsburg. Une des conséquences directe serait l'augmentation de la circulation, avec les risques pour la sécurité, dans le village, sur les rues Sud, Montgomery et possiblement sur la rue Champlain.

En raison du développement prévisible d'activités commerciales autour des échangeurs, sur les rues Montgomery et Quinn, sur la rue Sud et son prolongement près de la frontière, cette circulation pourrait être de plus en plus commerciale. La qualité de vie est directement associée à la tranquillité remarquable de ce village qui attire ses résidents. Mais voila que tout ceci pourrait basculer car le projet du MTQ met en jeux cette tranquillité.

Nous avons choisi de nous arrêter à ce cas particulier, dont personne n'a fait mention durant l'audience du BAPE. Pour nous, il n'est qu'un des trop nombreux exemples qui illustrent que le parachèvement de l'autoroute 35 aurait des conséquences négatives importantes dans tous les secteurs qu'elle traverserait. Certaines ont été soulignées lors de l'audience, d'autres le seront lorsque les gens s'en rendront compte.

Or, comme plusieurs intervenants aux audiences du BAPE, nous croyons qu'il serait possible d'améliorer la sécurité et la fluidité de la route 133 de façon importante. Ainsi, on éviterait de faire l'autoroute 35, conservant à notre région sa quiétude. Du même coup, on préserverait le territoire agricole, les habitats, la faune et la flore qui seraient sacrifiés par le projet actuellement sur la table. Nous croyons que tous les résidents, agriculteurs et non agriculteurs, méritent mieux que ce projet!

Notons que la 133 dans l'ensemble se compare avantageusement aux autres routes du Québec, selon les différentes données déposées lors des audiences tenues en décembre. Les améliorations réalisées ces dernières années laissent même entrevoir une baisse du niveau de dangerosité. De plus, en devançant la réalisation de son plan des interventions projetées de 2006 à 2012, le MTQ peut continuer à améliorer la sécurité, et ce, pour un prix moindre que les coûts annuels supplémentaires qu'entraîneraient la construction de l'autoroute 35. Notons enfin que tout indique que si elle était réalisée, cette dernière pourrait être la scène d'un nombre important d'accidents aux conséquences aussi grandes, sinon plus, que ceux qui se produisent sur la 133.

Maintenant se forme une coalition de gens et d'organismes qui croit qu'il est possible d'améliorer réellement le réseau de transport et communications en Montérégie. Cela tout en préservant notre environnement, les terres agricoles et les boisés ainsi qu'une structure régionale harmonieuse, agréable pour sa population et accueillante pour le tourisme.

Nos recommandations sont :
  • D'abandonner le projet d'autoroute et de retourner les terres expropriées à l'usage qui leur convient : principalement l'agriculture et la conservation.
  • De rendre la 133 et le réseau de routes adjacentes le plus sécuritaire possible.
  • De favoriser le développement d'un réseau de transport en Montérégie qui réponde aux besoins de notre siècle, dans un contexte de développement durable.

Toute la population est invitée à se mobiliser contre le projet actuel de l'autoroute 35 tel que proposé par le MTQ qui, s'il devait se réaliser porterait atteinte coûteuse, inutile, irrémédiable à notre milieu et à notre sécurité.

Vous êtes invités à vous joindre à nous. Ensemble, nous enverrons un message clair que notre région veut une réelle amélioration de son réseau routier et de ses autres infrastructures de transport et communication.

Claude Benoît et Ghislain Pelletier,
Porte-paroles, Mieux que la 35


Pour nous joindre :


Le dossier complet est disponible sur le site du BAPE

vendredi 30 décembre 2005

Notre fierté collective est-elle menacée à Saint-Armand?

Billet aigre-doux du 7 janvier 2006
en réaction à deux événements qui n'ont pas eu lieu à Saint-Armand en 2005

Le fondement de notre identité collective, c'est la fierté. En cela, je fais écho -- en remplaçant 'bonheur' par 'fierté' -- au plus récent éditorial de l'équipe de rédaction du journal Le Saint-Armand :
« La fierté se cache à Saint-Armand. (...) Offrons-nous le cadeau d'être conscients que nous sommes fiers mais que la fierté peut à tout moment basculer et qu'il est de notre devoir de la protéger. »

L'année 2005 à Saint-Armand fut marquée par des événements significatifs pour notre fierté collective. Nous pouvons par exemple nous féliciter pour le succès du Festival des films du monde de Saint-Armand et pour la soirée Le chant des Frontières, pour ne nommer que les deux événements les plus médiatisés de l'an dernier.

Au total cependant, notre bilan de fierté armandoise n'est pas très reluisant, du moins en ce qui concerne la mise en valeur de notre histoire et de nos institutions. Comprenons-nous bien : il ne s'agit pas ici de reprocher quoi que ce soit ou de faire la leçon à quiconque (je serais d'ailleurs particulièrement malvenu de le faire...). Mais je pense cependant qu'il est bon de regarder la réalité en face et de la confronter avec ce qu'elle aurait pu être pour pouvoir mieux canaliser nos énergies et nos ressources collectives à l'avenir.

Je me permettrai donc dans ce premier billet aigre-doux de l'année 2006 de souligner deux non-événements à mettre au passif de notre fierté collective et d'en tirer quelques leçons.

Le premier, c'est notre silence face à des faits marquants de l'histoire de Saint-Armand, des faits arrivés à peu près en même temps, en 1955. Je veux parler de la création de la Caisse populaire locale, de la construction du poste frontalier de Morses Line, du passage du dernier train dans le village et de l'ouverture de l'école Notre-Dame-de-Lourdes. Ce dernier événement a heureusement été souligné par la parution en décembre d'une plaquette souvenir à l'initiative de Mme Georgette Benoit.

Tant d'événements arrivés en 1955, il y avait là plusieurs motifs réunis pour célébrer un cinquantième anniversaire en 2005! Mais non : il n'y eut point de fête pour nous rappeler le souvenir de tous les gens morts ou encore bien vivants liés à ces faits marquants de notre histoire locale. Je me suis d'ailleurs rappelé d'un autre non-événement semblable arrivé dix années auparavant : le cent cinquantième anniversaire de fondation de Saint-Armand en 1845 passé pratiquement sous silence. Pourquoi? Peu importe, au fond. Ce qu'il importe de souligner, c'est qu'il y avait là de formidables occasions de bouster notre fierté collective... Parties remises, espérons-le!

L'autre non-événement qu'il faut rappeler, ce sont les non-élections municipales. Autant je suis fier de notre nouveau conseil municipal, autant je me questionne sur le pourquoi de ces non-élections. De mémoire d'homme, c'était la première fois qu'un conseil municipal était entièrement élu par acclamation à Saint-Armand. Je ne peux m'empêcher de penser que l'indifférence et l'inaction y sont aussi pour quelque chose. Un autre coup dur pour notre fierté collective...

Malgré que nous soyons en 2006 et que ces non-événements fassent maintenant partie du passé, il faut je crois en tirer des leçons pour l'avenir.

mercredi 28 décembre 2005

Le roc de la Falaise a bougé

Vous qui êtes au courant de bien des choses aux alentours,
avez-vous comme moi, qui vit perchée sur les rocs de La Falaise,
ressenti lundi matin le séisme qui nous a touchés?

Il était 10 h 30 environ,
j'ai entendu les poutres grincer dans l'entretoit...
Pas de vaisselle qui tinte,
pas de verres entrechoqués, pas de tremblotement...
J'ai cru avoir rêvé.
C'est le vent...

Plus tard en y repensant
dans la maison j'ai farfouillé.
C'est alors que j'ai constaté quelques fissures
des 'fissouilles', aurait dit ce cher Sol,
dans les jointures de mes murs.
Ce qui m'a fait décréter :
Mais non! J'ai pas du tout rêvé.

Voulant vérifier les faits, aujourd'hui sur l'Internet,
j'ai tapé : « séisme Montréal »
et puis j'ai appuyé.
Sud-ouest de Montréal
Séisme de 4,2 sur l'échelle de Richter

Un tremblement de terre a eu lieu lundi matin au sud-ouest de Montréal.



La secousse d'une magnitude de 4,2 sur l'échelle de Richter s'est produite vers 10 h 30.

L'épicentre était situé à 22 kilomètres à l'est de Huntingdon, tout près de la frontière américaine.

Un tremblement de terre de cette force ne cause pratiquement pas de dommages.

Les gens qui demeurent près de l'épicentre ont pu sentir les murs et les fenêtres trembler, comme lorsqu'un camion lourd passe près d'une maison.

Source : Canoe/LCN

J'ai découvert ainsi qu'il y avait eu effectivement
un tremblement de terre
au Nord-Est des États-Unis au Sud de Montréal,

Donc chez nous!
Chez Nous!
Comme ça, sans nous prévenir!
Amplitude d'à peu près 4 points et des poussières...

Eh bien...
j'hiberne peut-être assez souvent,
mais ce coup-ci m'a vraiment réveillée!
Donc lundi matin,
c'est pas la terre qui a tremblé...

Ici sur la Falaise,
c'est le roc qui a bougé.

Marie-Hélène Guillemin Batchelor
10 janvier 2006

mardi 27 décembre 2005

Pourquoi « Armandie » ?

Caractérisation


Ce blogue est un espace en ligne offert à tous ceux et celles qui ont le goût de Saint-Armand. Le goût de faire mieux connaître et apprécier le patrimoine encore debout dans l'un ou l'autre des lieux qui s'y trouvent, des lieux marqués par une histoire malheureusement trop méconnue. Le goût aussi de découvrir et de mettre en valeur la diversité culturelle, sociale et économique qui est au coeur de sa vitalité présente.

Mais pourquoi avoir appelé cet espace en ligne « Armandie » ?

La diversité, si riche soit-elle, peut aussi être un facteur d'isolement et de division. Ce qui unit Saint-Armand, c'est le fait qu'il s'agit d'une seule et même entité administrative. Dans les faits, notre municipalité regroupe géographiquement des villages, des hameaux et des domaines dont les habitants sont fort différents aux plans culturel et historique.

Pour les fins de ce blogue, j'ai pensé que le nom Saint-Armand étant intimement lié au village central de Saint-Armand, il risquait d'être trop restrictif, peut-être même exclusif. Qu'il fallait donc baptiser autrement cet espace virtuel de façon à ce qu'il soit plus inclusif.

Vous ne trouverez pas le le toponyme Armandie dans la Banque des noms de lieux de la Commission de toponymie du Québec : l'Armandie n'existe que virtuellement. L'Armandie n'existe qu'ici, sur le Web. L'Armandie, c'est le village de Saint-Armand, certes; mais aussi ceux de Philipsburg et Pigeon Hill; et ce sont les hameaux Morses Lines, Guthrie, Rosenburg; sans oublier les domaines Solomon, La Falaise et Rémillard... (et dites-le moi si j'ai oublié votre coin!) dont il faut préserver le plus possible l'identité sachant bien que la plus grande richesse d'un territoire, c'est la diversité de ses lieux et non leur homogénéité.

Partons donc à la découverte de ce qui caractérise l'Armandie!

dimanche 25 décembre 2005

L'église de Noël

Un jour l'imaginaire a flirté avec la réalité... 

Il faut que je vous raconte l'incroyable aventure que j'ai vécue la nuit dernière.

Vous savez que la messe de minuit, c'est une tradition à laquelle on tient beaucoup à Saint-Armand. Chaque année depuis des lustres, l'église Notre-Dame-de-Lourdes se remplit le soir du 24 décembre et reste pleine à craquer pendant près de deux heures. C'est qu'on aime s'y retrouver au coude à coude une fois par année pour fêter la Noël avec ce qu'il nous reste de ferveur en bout d'année. On vient écouter la chorale chanter avec ardeur et toussotements les vrais cantiques de Noël. On vient entendre le silence soudainement rompu par le braillement d'un tout-petit et le chut! de sa maman. On vient voir des dizaines d'hommes et de femmes d'un âge certain s'agenouiller devant un enfant de plâtre. On vient flairer l'encens qui s'insinue parmi les arômes des parfums et des cierges allumés. On vient retrouver le goût d'enfance de l'hostie de blé azyme. On vient se laisser ravir par la verve et la bonhomie du curé tellement-inspiré et tellement-souriant à Noël. On vient avec du brillant dans les yeux se souhaiter Joyeux Noël entre connus et inconnus comme si nous nous connaissions depuis toujours...

Hier soir, c'était le 24 décembre. Mais un 24 décembre plus du tout comme les autres avant. Parce qu'à Saint-Armand depuis quelques mois il n'y a plus d'église Notre-Dame-de-Lourdes. En lieu et place il y a maintenant un terrain vague. Démolie, l'église Notre-Dame-de-Lourdes, disparue au nom du bon sens rentable. Je vous épargne les détails parce que vous pouvez comme moi les imaginer : l'église était devenue un fardeau financier pour la fabrique, qui l'a offerte au conseil municipal, qui a consulté ici, consulté là, consulté finalement par référendum les citoyens contribuables, qui ont dit non à une encore augmentation de leur compte de taxes foncières : « On a déjà un centre communautaire presque neuf qui ne sert pratiquement jamais à la collectivité; pourquoi faudrait-il payer pour un deuxième... » Un mois plus tard, il n'y avait plus de parvis en béton à Saint-Armand, plus de clocher argenté qu'on voit de loin, plus d'église en briques rouge fatigué...

Attentif, le curé avait cependant promis solennellement à la population armandoise, résignée devant l'inéluctable, de perpétuer la tradition de la messe de minuit à Saint-Armand même après la démolition de l'église Notre-Dame-de-Lourdes. Hier soir donc, pour la première fois depuis 1845, la messe de minuit à Saint-Armand était célébrée non plus à l'église mais sous le toit cathédrale du centre communautaire...

En descendant la côte qui mène au village, j'eus toute une surprise. Il n'y avait personne au centre communautaire, pas la moindre lumière, pas d'autos dans le petit stationnement d'en face... Je crus un instant m'être trompé de jour à moins que... Le curé nous aurait-il trompé? La messe de minuit serait-elle déménagée dans une vraie église restée encore debout, Saint-Philippe à Philipsburg peut-être?

Quelques centaines de mêtres plus loin, exactement là où il y a cinquante ans se trouvait une traverse de chemin de fer, je jetai un coup d'oeil machinal vers l'endroit où se dressait jadis fièrement l'église Notre-Dame-de-Lourdes pour m'apercevoir... Non, je rêve ou quoi? Elle était là, toute éclairée, avec son parvis de béton et son clocher argenté plus que jamais... Elle était là, l'église Notre-Dame-de-Lourdes en briques plus rouges que je ne les avais jamais vues... Et le grand stationnement d'en face était rempli comme autrefois. Et des hommes, des femmes et des enfants s'y dirigeaient prestement, joyeusement...

L'église serait-elle réapparue par miracle pour que les Armandoises et les Armandois puissent continuer la tradition de la messe de minuit vieille de 160 ans? Incrédule, j'ai voulu m'en assurer, je suis entré à mon tour et... comme j'ai apprécié retrouver ce coude à coude annuel pour fêter la Noël avec ferveur. Écouter la chorale chanter avec ardeur et toussotements les vrais cantiques de Noël. Entendre le silence soudainement rompu par les braillements de tout-petits et le chut! de leur maman. Voir des dizaines d'hommes et de femmes d'un âge certain s'agenouiller devant le Petit Jésus de plâtre. Flairer l'encens s'insinuer parmi les arômes des parfums et des cierges allumés. Retrouver le goût d'enfance de l'hostie de blé azyme. Me laisser ravir par la verve et la bonhomie du curé tellement-inspiré et tellement-souriant à Noël. Souhaiter Joyeux Noël avec du brillant dans les yeux aux gens connus comme aux inconnus comme si nous nous connaissions depuis toujours...

Joyeux Noël!

Jean Trudeau
Saint-Armand
25 décembre 2005

mardi 20 décembre 2005

L'avenir du chemin de Saint-Armand

Mémoire présenté dans le cadre des audiences du B.A.P.E. sur le parachèvement de l'autoroute 35 :

L'échangeur Montgomery à Philipsburg et son impact sur le chemin de Saint-Armand



jeudi 15 décembre 2005

Le couvent des Religieuses de la Présentation de Marie (1939-1954)

Par Andrée Chabot Vallières

Suite à l'incendie de l'école du village en 1938, mon père Wilfrid Chabot et monsieur Adrien Neveu firent des démarches pressantes auprès des religieuses de la Présentation de Marie de Saint-Hyacinthe afin qu'elles viennent participer à l'éducation des enfants du village. Ils étaient appuyés par M. le curé Saint-Pierre et les membres de la Commission scolaire : Moïse Chevalier, président, Arcade Édoin, Augustin Benoit, Raoul Pelletier et Alcide Roy, commissaires. Il fut difficile d'avoir leur acceptation parce qu'il y avait déjà un couvent de la même communauté à Philipsburg; mais les efforts ne furent pas vains.

En 1939, la Commission scolaire achetait l'hôtel de M. Philippe Ménard, situé entre le 421 et le 425, chemin Luke, afin de le céder aux religieuses pour la somme d'un dollar (1,00 $). L'édifice modifié est devenu le couvent du village.


L'ancien hôtel de Philippe Ménard.
En 1939, il fut vendu à la Commission scolaire de Saint-Armand-Ouest et réaménagé en couvent par les Soeurs de la Présentation de Marie.
Source : Album du Centenaire de la paroisse Notre-Dame-de-Lourdes, p. 51
Un escalier extérieur montait aux classes; une grande galerie sur laquelle on s'amusait les jours de pluie bordait la façade et le côté sud. Deux allées de petits cailloux gris enjolivées de lisières de hostas conduisaient aux entrées principales. La porte de droite donnait accès au parloir et à la chapelle, tandis que celle de gauche servait d'entrée aux pensionnaires.

Soeur Philippe-du-Sauveur fut la première directrice. Elle était accompagnée de Soeur Pierre-Julien, Soeur Aimé-de-la-Providence et Soeur Emmanuelle, enseignantes, et de la cuisinière, Soeur Donatienne, qui cultivait un grand jardin et y travaillait ardûment.

Au cours des ans, le pensionnat a accueilli de nombreux enfants, d'ici et d'ailleurs. Notre ami Élie Pelletier nous rappelle les noms des premiers pensionnaires : Maurice Rocheleau, Luc Fournier, Rhéa Rhéaume, Gisèle et Estelle Beauregard. Étant trop jeune pour fréquenter l'école au début, je me souviens qu'en première et deuxième années, ma soeur Lise et moi étions demi-pensionnaires; nous soupions, faisions nos travaux scolaires et dormions au couvent, mais nous allions dîner chez-nous... en courant, je crois.


Cette photo de deux pensionnaires nous permet de voir les allées de hostas en façade du couvent. Les deux pensionnaires sont les nièces de Madame Juliette Desranleau, Marielle et Lise Reed.
Source : Album personnel de l'auteure
Je me rappelle que Soeur René-de-la-Croix, Soeur André-du-Sacré-Coeur (soeur de sang de Soeur Pierre-Julien), Soeur Saint-Denis, Soeur Saint-Isaïe (professeur de musique) ainsi que Soeur Mathilde-du-Divin-Coeur (dernière directrice) ont fait partie intégrante de notre éducation. N'oublions pas notre adorée Soeur Léonce : elle cuisinait des bonbons en sucre d'orge, de la tire Sainte-Catherine et des pets-de-soeurs tout à fait exquis.

Les religieuses enseignaient de la première à la neuvième année aux enfants de l'arrondissement et aux pensionnaires. Nous pouvions aussi enrichir notre formation par des cours de piano, de chant et de théâtre.


Soeur Philippe du Sauveur, première directrice de l'école, surveillant un groupe d'enfants dans la cour.
Source : Album du Centenaire de la paroisse Notre-Dame-de-Lourdes, p. 51
Vous souvenez-vous du 21 novembre, fête de la Présentation de Marie au temple, d'après le calendrier liturgique? C'était une journée sans cours académiques. Il y avait beaucoup d'animation ce jour-là; on présentait un spectacle préparé des mois durant. Les parents venaient admirer leurs jeunes qui s'exécutaient sur la scène en chantant, déclamant un poème ou en pianotant des airs de Mozart, Chopin ou Beethoven. La musique classique était de mise. Le répertoire plus populaire était celui de La Bonne Chanson de l'abbé Gadbois.

Le même scénario se répétait à la fin de l'année scolaire, avec un nouveau spectacle qui valorisait toujours les élèves. Les religieuses soulignaient aussi de façon différente la fête de Mère Marie Rivier, fondatrice de la communauté.

À l'époque, les pensionnaires portaient une robe noire avec collet et poignets rigides blancs (style collet romain), jupe à plis avec une ceinture bleue ornée d'un "M" pour attache. Le "M" signifiait Marie. C'était l'uniforme traditionnel de toutes les pensionnaires de la Présentation de Marie. Plus tard, le costume était légèrement modifié : la robe toujours noire avait un collet et des poignets blancs plus souples, et la ceinture, une boucle blanche. Pour les garçons, rien de spécial : le veston et la cravate pour les jours de fête.


Andrée Chabot, dans sa tenue de pensionnaire.
Source : Album personnel de l'auteure
C'est en juin 1954 que se 'tourne la page' du Couvent de Saint-Armand.

Soeur Pierre-Julien y était enseignante depuis les débuts. Ses élèves et leurs parents ont été heureux de la revoir plus tard, lors du centenaire de la paroisse en 1978. Elle est décédée à Granby, le 10 mars 1981.

À cause de l'enseignement reçu, de la discipline, du dévouement inlassable et de la grande générosité des religieuses, nous sommes remplis de reconnaissance et, du fond du coeur, nous leur disons un GRAND MERCI!

En septembre 1954, deux laïques, Marie-Reine Lamothe et Laura Larochelle, prennent la relève. Au début de l'hiver, le chauffage tombe en panne et l'école est fermée : il faut déménager. Le salon de mes parents accueille une classe; l'autre s'installe au sous-sol de l'église.

Quelques années plus tard, l'immeuble vendu à M. Roméo Pelletier tombait sous les pics des démolisseurs. Le bois de charpente récupéré servit de départ à la construction d'une nouvelle maison.

Notre Alma mater n'est plus... mais les souvenirs restent gravés à jamais et nous avons voulu les partager.

mercredi 14 décembre 2005

La Commission scolaire Saint-Armand-Ouest (1872-1972)

Regard sur un siècle d'histoire

Faits saillantsDocuments et Lois
Années 1870Des recherches font mention d'un échange de correspondance datant de 1872 en vue d'organiser un réseau scolaire dans notre milieu. Après l'érection canonique de la paroisse en 1878, les curés deviennent de précieux promoteurs de notre école.
Années 1890La Commission scolaire Saint-Armand-Ouest est officiellement constituée le 1er juillet 1893. Arrêté en conseil
Source : Archives nationales
Années 1920En 1928, les archives locales sont détruites dans un incendie.
Années 1930Les écoles de Morgan Corner et du village de Philipsburg sont détachées et forment la Commission scolaire Saint-Philippe de Philipsburg. Arrêté en Conseil
Répartition de la dette
Années 1940Contrôle des absences1943 - L'instruction est obligatoire jusqu'à 14 ans.
1944 - La gratuité des manuels scolaires.
Années 1950Fermeture des écoles de rang, début du transport scolaire.La centralisation : construction d'écoles modernes
Années 1960Délégués à la Commission scolaire régionale : Joseph Messier, Marcel Ménard, Jean Louis Houle

Fermeture de l'école Saint-Thérèse de Pigeon Hill (1963)

Ouverture des classes de maternelles

Entente avec Philipsburg pour répartir les classes
1964 - Création du ministère de l'Éducation, formation des commissions scolaires régionales pour regrouper le secondaire.
Années 1970Formation de la Commission scolaire des Rivières (siège social à Farnham)

Élection d'un commissaire, Clément Benoit, pour représenter Saint-Armand et Philipsburg

1er juillet 1972 - Dissolution de la Commission scolaire Saint-Armand-Ouest
Regroupement régional de l'élémentaire, suite à la Loi 27






Liste des commissaires : président, secrétaire-trésorier

LISTE...............

Les archives de 1928 à 1972 sont conservées à la Cité de l'histoire, rue Principale à Granby.

jeudi 1 décembre 2005

Ouvrir ou fermer nos églises?

Billet aigre-doux

D'ici le 11 janvier 2006, soirées publiques d'information et de discussion sur l'avenir de la communauté et de l'église dans les cinq paroisses que dessert l'Unité pastorale des Frontières. La première avait lieu le 21 novembre 2005 à Philipsburg et rassemblait une vingtaine de personnes, une dizaine si on exclut les membres du comité de réflexion venus présenter l'état de la situation. Celle de Saint-Armand, le 24 novembre 2005, regroupait une cinquantaine de personnes incluant les membres du comité.

J'ai noté quelques chiffres qui donnent un aperçu de la situation.
  • Sur le territoire de l'Unité pastorale des Frontières, 7,5 % de la population catholique fréquente l'église. Selon les chiffres du dernier recensement (2001), Saint-Armand-Philipsburg compte 748 catholiques sur une population de 1247 habitants.

  • Sauf à Bedford, chaque église est l'hôte d'une célébration un dimanche sur deux : en moyenne, 14 % des places sont alors occupées, dont près de la moitié par des paroissiens de l'extérieur; en moyenne, chaque église est ouverte au culte 29 heures par année. Coûts fixes de chaque célébration : 350 $ à l'église Saint-Philippe de Philipsburg; 463 $ à l'église Notre-Dame-de-Lourdes de Saint-Armand.

  • Selon les paroisses, entre 20 et 28 % des paroissiens paient la dîme (40 $/an). Nos paroisses bouclent leur budget grâce à la générosité de fondations ou à des revenus provenant d'activités de financement. L'Unité pastorale des frontières fait face à un déficit de 387 000 $.

  • Actuellement, le diocèse de Saint-Hyacinthe compte 84 prêtres dont 56 sont affectés aux 104 paroisses; en 2015, il restera 27 prêtres ayant moins de 69 ans dans le diocèse; deux candidats sont en formation vers la prêtrise.

  • Il est de plus en plus difficile de recruter des bénévoles dans les paroisses; il faut parfois faire appel à des personnes de l'extérieur pour les besoins des cérémonies liturgiques.

  • Dans certaines paroisses dont les nôtres, un ou deux enfants seulement participent aux activités d'initiation à la vie chrétienne (qui remplacent les cours de catéchèse qu'on élimine graduellement dans les écoles du Québec maintenant déconfessionnalisées).

  • Beaucoup d'églises du diocèse ont été ou sont en voie d'être reconverties, notamment celle de Sainte-Sabine (édifice municipal) et trois à Granby (gymnase, CLSC, bibliothèque...); des projets sérieux d'acquisition sont à l'étude, entre autres à Sorel où 2 églises répondraient aux besoins (il y en a 4) et à Saint-Hyacinthe où 3 suffiraient (il y en a 11).

Ce n'est là qu'un bref aperçu de la situation décrite par le comité de réflexion sur l'avenir de nos communautés et de nos églises : ne serait-ce que pour prendre conscience du drame qui se vit actuellement dans nos paroisses, assister à ces soirées en vaut la peine. L'aspect financier ('le nerf de la guerre') y est notamment décrit dans ses moindres détails -- on y apprend par exemple que le prix chargé pour des funérailles (300 $) n'en couvre même pas les frais! La problématique de survie qui découle de la fragilité financière, est fort bien posée : pas de viabilité possible pour une église sans une plus grande vitalité de sa communauté.

Statistiquement, je fais partie des 92,5 % de croyants catholiques à la recherche de sens qui vivent leur spiritualité en marge de la communauté 'pratiquante'. L'avenir de l'Église et de nos églises m'interpelle pourtant profondément. Notre quête de sens 'hors de l'église' a besoin de signes pour s'alimenter. Or, les signes 'dominants' dans notre société sont plutôt négatifs merci, particulièrement dans les médias : violence, domination et exploitation de l'homme par l'homme; inégalités et dépendances de toutes sortes, réelles comme virtuelles; égocentrisme et mépris allant jusqu'à la destruction de la dignité, de la vie et de la nature elle-même, sous le couvert du plaisir, du développement et de la rentabilité... Réfugiés dans notre individualisme et dans nos chaumières pour échapper au pire, nous avons tellement besoin de signes positifs pour garder un minimum d'espoir vital, comme de voir des gens autour de nous qui continuent à croire en Dieu et à se rassembler pour le prier...

C'est bien là la tragédie. Nos églises doivent fermer faute de viabilité au moment où il faudrait qu'elles s'ouvrent et manifestent leur vitalité pour ostensiblement soutenir notre foi dans la vie et notre espérance dans l'humanité.

Jean Trudeau

« Nous, on s'en fout! » ou Les grands absents aux audiences du BAPE sur l'autoroute 35


DE Saint-Armand sur le Web
Billet aigre-doux du 17 décembre 2005


Les 45 jours des audiences publiques du BAPE sur le parachèvement de l'autoroute 35 viennent de prendre fin. Chacune des séances de la Commission nous a permis de vivre une expérience profondément démocratique. Une expérience caractérisée par l'écoute et le respect dont les commissaires, Mme Claudette Journault et Mme Lucie Bigué, ont fait preuve à chaque séance auprès de tous les intervenants, spécialistes aussi bien que citoyens. Grâce à cette Commission, une grande quantité d'information concernant les multiples aspects du projet a été rendue disponible (voir le site Web du BAPE) et tant soit peu compréhensible. L'information est la base d'une véritable démocratie : ne serait-ce que pour soutenir ce principe, le BAPE a sa raison d'être.

C'est aussi grâce à la tenue de ces audiences publiques, que chaque citoyenne et citoyen, individu comme corporation, que tous ont pu émettre ouvertement et publiquement leur opinion sur le projet mis de l'avant par le ministère des Transports du Québec, exprimer leurs préoccupations, faire des recommandations, argumenter en faveur ou contre le projet. L'ensemble des interventions fera maintenant l'objet en mars prochain d'un rapport synthèse de la Commission au ministre du Développement durable, à qui reviendra le mot de la fin.

Le projet de parachèvement de l'autoroute 35 affectera particulièrement Saint-Armand. En effet, si l'autoroute permettra de contourner toutes les municipalités le long de son parcours, c'est tout le contraire à Saint-Armand, puisqu'elle viendra définitivement enclaver une partie de la municipalité, ne laissant à toutes fins utiles qu'un étroit passage entre Philipsburg et Saint-Armand. Quel sera l'impact de ce corridor autoroutier nord-sud avec ses trois échangeurs sur notre vie quotidienne, sur notre sécurité, sur la macro-économie de notre région et la micro-économie de chacun de nos villages et hameaux, sur la nature environnante déjà fragilisée, sur notre patrimoine menacé d'abandon, sur notre culture qui peine à survivre, sur notre agriculture en crise, sur notre démographie en péril? Bref, quel sera l'impact du parachèvement de l'autoroute 35 au terme de cette décennie sur l'avenir de Saint-Armand?

À quelques exceptions près, les audiences publiques du BAPE n'ont pas permis d'avoir de réponses à ces interrogations. La raison en est bien simple : les organisations publiques de notre région qui ont pourtant les ressources financières et humaines pour le faire ont brillé par leur absence tout au long des audiences. Ceux qui auraient pu et dû venir aborder publiquement les impacts sociaux, culturels et économiques du projet dans notre milieu se sont tus. Où étaient les représentants de la MRC de Brome-Missisquoi, de la CRÉ de Brome-Missisquoi, du CLD Brome-Missisquoi, du Mouvement Desjardins, de la Corporation de développement de Bedford et région, de la Commission scolaire de Val-des-Cerfs, des grandes entreprises qui ont pignon sur rue dans la région... Absents : motus et bouche cousue! Tous, pourtant, disent jouer un rôle régional et servir les intérêts des grandes comme des petites municipalités quand vient le temps de piger directement ou indirectement dans les poches des contribuables de Saint-Armand...

Ce qui, à mes yeux, ressort d'une manière flagrante de ce silence de nos instances régionales aux récentes audiences du BAPE, c'est combien profonde est l'aliénation d'un 'petit milieu' comme le nôtre à la suite de la régionalisation et la centralisation systématiques de nos services publics durant les dernières décennies. Loin des yeux, loin du coeur : les sentiments d'appartenance et de solidarité régionale seraient-il en train de s'émousser dans ce pays? Faut-il décoder le message que nous envoie cette non-participation par : « On s'en fout pas mal de Saint-Armand et de sa baie qui stagnent; arrangez-vous avec votre autoroute, on a d'autres chats à fouetter dans nos villes-centres »?

Il y a, heureusement, deux côtés à une médaille. Il nous reste encore une tribune démocratique locale bien en place : le Conseil municipal. Et il y a de l'espoir de ce côté pour les 1 297 habitants de Saint-Armand. J'y reviendrai sans doute dans un prochain billet.

Jean Trudeau

mercredi 26 octobre 2005

L'impact du projet de parachèvement de l'autoroute 35 à Saint-Armand


DE Saint-Armand sur le Web
Saint-Armand, le 29 octobre 2005

Monsieur Thomas J. Mulcair
Cabinet du ministre
Ministère du Développement durable, de l'Environnement et des Parcs
Édifice Marie-Guyart, 30e étage
675, boulevard René-Lévesque Est
Québec (Québec)
G1R 5V7


OBJET : Demande d'audiences publiques au sujet du projet de parachèvement de l'autoroute 35 dans la municipalité de Saint-Armand.

Monsieur le Ministre,

C'est à titre de citoyen de Saint-Armand qui aime passionnément son coin de pays et dans le cadre de la période d'information et de consultation publiques du BAPE qui se termine aujourd'hui que je vous demande de tenir des audiences publiques sur le projet de parachèvement de l'autoroute 35. Plus particulièrement, sur les infrastructures prévues à l'intérieur des six kilomètres qui couperont définitivement en deux la municipalité de Saint-Armand.



Sur une longueur d'environ six kilomètres, quatre infrastructures majeures sont prévues à Saint-Armand, parmi lesquels l'échangeur sud est un pensez-y bien.
Je m'interroge sérieusement sur les impacts d'une des quatre infrastructures qui font partie du projet du ministère des Transports du Québec (MTQ) dans notre localité, celle de l'échangeur sud. S'il est construit tel que conçu par le MTQ, cet échangeur constitue une menace pour notre sécurité et l'intégrité de notre paysage, pour le milieu écologique environnant, pour notre qualité de vie en milieu rural ainsi que pour la cohésion et le développement de nos collectivités récemment fusionnées. Sans compter qu'il risque de mettre à l'écart un site inestimable faisant partie du patrimoine bâti de Philipsburg.



Le chemin Saint-Armand : parfaitement intégré au moindre méandre de notre paysage.
1. Une menace pour notre sécurité et l'intégrité de notre paysage.

C'est déjà une anomalie que les transporteurs routiers doivent utiliser le chemin Saint-Armand faute de route alternative. Or, cet échangeur prévoit une bretelle spécialement aménagée pour en faciliter l'accès aux semi-remorques. Cette configuration ne manquera pas d'accroître le nombre de routiers qui l'emprunteront et de multiplier par le fait même les risques d'accidents déjà trop grands. Ultérieurement, c'est l'intégrité même du chemin Saint-Armand -- parfaitement intégré aux nombreux méandres de notre paysage -- qui risque d'être remise en cause par le MTQ sous le prétexte d'en faire une route droite sécuritaire et moderne mieux accordée au camionnage.

2. Une menace pour le milieu écologique environnant.

Favoriser l'utilisation du chemin Saint-Armand pour le transport routier, c'est aussi nuire aux conditions nécessaires à la protection du Refuge d'oiseaux migrateurs de Philipsburg : tranquillité, pureté de l'air... Ce site protégé s'étend sur 480 ha à partir de la baie Missisquoi en suivant l'emprise sud du chemin Saint-Armand. Or, favoriser l'accroissement du transport routier dans ce secteur le rendra d'autant plus vulnérable à cause du bruit et de la pollution associés au passage des poids lourds.



« Partageons la route! », dit le slogan de Transports Québec. Avec les 'dix-huit roues'?
3. Une menace pour notre qualité de vie en milieu rural.

Qui dit camions lourds dans un 'chemin de campagne' dit bruits de moteur, émanations polluantes et risques accrus pour la sécurité routière des résidants qui s'y sont installés pour des raisons toutes autres. Pourrons-nous encore marcher le long du chemin Saint-Armand? Pourrons-nous encore -- comme nous invite à le faire un panneau réclame de Transports Québec -- partager la route avec les cyclistes venus s'y balader en profitant du paysage apaisant?



La seule façon de passer de Saint-Armand à Philipsburg : la traversée à haut risque de la route 133 avec ses six voies, à la rue Montgomery.
4. Une menace pour la cohésion et le développement de notre collectivité.
Je déplore que les signataires de l'étude d'impact, Genivar Groupe Conseil, n'aient pas abordé les effets que risque de provoquer ce 'mur routier' sur la cohésion et le développement de nos deux collectivités récemment fusionnées. La route 133 équivaut déjà à une tranchée à la fois physique et psychologique entre l'est et l'ouest de Saint-Armand; imaginez l'effet de sa transformation en autoroute balisée! L'échangeur sud proposé viendra tout simplement achever le processus, empêcher que la fusion des deux administrations ne puisse aboutir à la fusion des deux populations... Et puis, pas besoin d'être futurologue pour affirmer qu'un tel échangeur favorisant l'exode par une voie rapide centrale vers le grand commerce plus au nord ou plus au sud sera désastreux pour le développement de notre économie locale déjà fragile, notamment à cause de l'état de la baie Missisquoi.



Le joyau du patrimoine bâti de Philipsburg, son édifice phare depuis 1819 : la United Methodist Church.
5. Une menace pour le patrimoine bâti de Philipsburg.

Dans l'emprise même de l'échangeur sud projeté, il y a deux sites patrimoniaux importants parce qu'ils sont enracinés dans l'histoire de Philipsburg. La chapelle historique des Méthodistes de l'Église Unie témoigne avec la maison attenante des origines même de Philipsburg; elle constitue l'édifice phare du village depuis 1819. La Légion voisine, issue de l'ancienne école méthodiste, fait aussi partie de notre mémoire collective avec son monument aux soldats originaires de la région disparus durant l'une des deux Grandes guerres et à qui nous devons aujourd'hui notre liberté. Or, l'intégrité de ces lieux, témoins vivants de l'histoire locale et régionale, est grandement compromise par la construction d'un échangeur routier qui les mettra à l'écart sinon au rancart.


Mon intervention n'est ni nostalgique ni directement intéressée. Elle relève d'un souci pour le développement durable de notre municipalité autant sur les plans humain et économique que sur les plans écologique et patrimonial. Je trouve important que vous teniez des audiences publiques au sujet de l'impact des infrastructures routières associées au projet de parachèvement de l'autoroute 35 à Saint-Armand. Objectif : vous assurer que le point de vue exprimé ici reflète celui de mes concitoyennes et de mes concitoyens afin que, le cas échéant, nous ayons la possibilité de soumettre à votre attention un aménagement routier qui soit mieux accordé à notre milieu et porteur d'avenir pour sa population.

Car il y a des solutions de rechange. Celle que je propose a trois volets.



Plus besoin d'entrées ni de sorties au sud si les routiers peuvent se rendre plus rapidement à destination par l'échangeur nord.
1. Ne pas construire l'échangeur sud avec ses entrées et sorties parallèles non plus que la bretelle en aval menant au chemin Saint-Armand..

2. À la jonction des rues Montgomery/Quinn/chemin Saint-Armand, construire le pont d'étagement prévu au niveau actuel avec les quatre voies de l'autoroute en dépression (style autoroute Décarie), en vous assurant que les piétons et les cyclistes puissent y circuler sans danger.



Le développement de Saint-Armand passe par une nouvelle route au nord qui rejoint la route 235, adaptée celle-là au camionnage.
3. Construire un nouveau lien routier entre la route 133/autoroute 35 et la route 235 plus à l'est (une distance d'environ 7 kilomètres) en y affectant les sommes économisées par la transformation de l'échangeur sud en un simple pont d'étagement. Une nouvelle route, adaptée au camionnage celle-là, à la hauteur des carrières et de l'échangeur nord déterminé par le MTQ, qui deviendrait une véritable alternative est-ouest au chemin Saint-Armand. D'autant plus qu'elle serait implantée dans le secteur plus industriel et commercial de Saint-Armand, ce que les entrepreneurs et les camionneurs apprécieraient sûrement.


Pourquoi ne viendriez vous pas faire une balade sur le chemin Saint-Armand et à Philipsburg pour visualiser tout ça avec nos députés Pierre et Denis Paradis? Une occasion de profiter vous-même de nos paysages apaisants et de parler d'avenir avec les gens de ce coin de pays. Faute de temps et de moyens, je n'ai pu les consulter. Je compte sur vous pour qu'ils le soient dans le cadre d'audiences publiques tenues ici même à Saint-Armand sur le projet de parachèvement de l'autoroute 35. Ce projet nous tient à coeur sans doute parce qu'il traversera littéralement le coeur de notre municipalité.

Veuillez accepter, Monsieur le Ministre, les salutations distinguées de quelqu'un qui partage les mêmes préoccupations que vous concernant le développement durable au Québec,

Jean Trudeau

vendredi 30 septembre 2005

L'échangeur prévu au coeur de Saint-Armand : UN NON-SENS


DE Saint-Armand sur le Web
    Le 5 octobre dernier avait lieu une soirée d'information du BAPE sur le projet de parachèvement de l'autoroute 35 entre Saint-Jean-sur-Richelieu et Saint-Armand. Le projet prévoit 5 échangeurs : à Saint-Jean/Saint-Athanase, à Saint-Alexandre, à Saint-Sébastien et à Saint-Armand -- deux à Saint-Armand, sans compter celui du poste frontalier, sur une distance d'environ 6 kilomètres (voir figure A).

    Nous avons jusqu'au 29 octobre pour demander au Ministre que le Bureau d'audiences publiques sur l'environnement (BAPE) tienne des audiences publiques sur les impacts du projet qui est sur la table.


À mon point de vue, l'échangeur 'sud' prévu à l'extrémité ouest du chemin Saint-Armand, là où les rues Quinn et Montgomery croisent la route 133, au coeur même du village de Saint-Armand/Philipsburg (voir figure B), est un NON-SENS à plusieurs égards, notamment parce qu'il accroîtra le transport lourd dans un secteur résidentiel et sur un chemin pas du tout conçu pour les semi-remorques.

La solution du BON SENS passe par la construction d'une route parallèle alternative à la hauteur de l'échangeur nord pour desservir les industries et les commerces de Saint-Armand et favoriser ainsi leur accès et leur développement afin de pouvoir interdire le chemin Saint-Armand au transport routier lourd.



Figure A. Les échangeurs projetés à Saint-Armand
Sur une distance d'environ six kilomètres, le projet du ministère des Transports qu Québec (MTQ) prévoit, du nord au sud, un premier échangeur à la croisée de la rue Champlain et de la route 133 (en pointillé en haut à gauche), un parc routier avec poste de contrôle (en bleu), un échangeur à la jonction de la route 133 avec les rues Montgomery et Quinn/chemin Saint-Armand (en pointillé au centre), des entrées et sorties au poste frontalier (en pointillé en bas à droite).



Figure B. La route 133 à Philipsburg
Saint-Armand est une municipalité coupée artificiellement en deux par la route nationale 133 (qui deviendra vers 2012 l'autoroute 35). Elle regroupe des ilôts résidentiels qui ont nom à l'ouest (à droite) de la route et en bordure de la baie Missisquoi : village de Philipsburg, domaine Rémillard et domaine de la Falaise. À l'est (à gauche) de la route : village de Saint-Armand, Pigeon Hill et Morse's Line.



Figure C. L'échangeur 'sud' envisagé par le MTQ
L'emprise actuelle serait élargie pour faire place à six voies : les quatre voies de l'autoroute elle-même en dépression sous le pont d'étagement (style autoroute Decarie); une voie d'entrée/sortie, de chaque côté. Une bretelle serait spécialement aménagée (coin supérieur droit de l'illustration) pour faciliter l'accès du chemin Saint-Armand aux semi-remorques venant des États-Unis.



Figure D. Le chemin Saint-Armand, harmonieux...
Paysage rural aux multiples facettes, fait d'eau, de forêts, de champs de maïs ou de pâturages, de massifs rocheux, de maisons à l'image de ses habitants aussi singulières que sympathiques. Paysage tout en ondulations à travers lequel se faufile un chemin qu'on dirait naturel tant il s'intègre harmonieusement, un chemin qu'on ne pouvait nommer autrement que chemin Saint-Armand...



Figure E. ...mais aussi dangereux, le chemin Saint-Armand

La plupart des résidants de Saint-Armand vous diront qu'ils ont un jour ou l'autre vécu ou évité la catastrophe à l'approche d'une courbe ou d'une butte au moment où surgit du détour un de ces imposants monstres routiers qu'il nous faut tolérer depuis toujours sur le chemin Saint-Armand, faute de route alternative valable pour desservir les besoins en transport de l'économie locale.



Figure F. « Partageons la route! »
Ce slogan du MTQ à l'entrée du chemin Saint-Armand nous invite à faire courtoisement place aux véhicules à deux roues. Faudra-t-il appliquer encore longtemps ce slogan aux 'dix-huit roues'?



Figure G. Il faut pour les camions lourds une route alternative au chemin Saint-Armand
Pour répondre aux besoins en transport de l'économie locale, pour améliorer la qualité de vie dans le Saint-Armand plus résidentiel (en jaune), pour assurer notre sécurité et celle de nos enfants sur le chemin Saint-Armand, celle des cyclotouristes de plus en plus nombreux et celle des promeneurs friands de beautés naturelles... le MTQ doit construire avant même le parachèvement de l'autoroute 35 une route nationale alternative entre la future autoroute 35 et la route 235 (environ 7 kilomètres à l'est) à la hauteur des carrières, afin d'interdire le passage des camions sur le chemin Saint-Armand entre les deux villages.



 

lundi 5 septembre 2005

On vient (de loin) prier à Philipsburg

Face à la baie Missisquoi depuis 1921, au coeur de Philipsburg resté village malgré sa fusion avec Saint-Armand : le sanctuaire Notre-Dame-du-Laus. Discret, fermé, silencieux, modeste, presque austère : tout ce qu'il faut pour se faire oublier.

  

Pourtant, ce dimanche 4 septembre 2005, le voici ouvert, animé, accueillant, chaleureux... C'est que, comme chaque année à ce temps-ci, pour la 84e année donc, c'est le pèlerinage annuel à Notre-Dame-du-Laus de Philipsburg au Québec.

Un groupe de pèlerins est venu de Montréal accompagné d'un prêtre et de quelques religieuses pour prier la Vierge du Laus. Dès leur arrivée, ils assistent religieusement à la messe, prient sincèrement et chantent en choeur, écoutent la Parole leur rappeler pour la millième fois de s'aimer les uns les autres et de pardonner comme ils voudront l'être.

En sortant, coups d'oeil rapide sur les ex-voto laissés à l'arrière de l'église par des pèlerins reconnaissants d'antan, et regards intrigués de quelques-uns, nouveaux-venus sans doute, sur un étrange vêtement doré, immense, enchâssé comme pour en souligner l'importance, au bas duquel on peut lire :

Voile de la Vierge

Cette châsse contient une chape de drap d'or. Une dame de la noblesse française s'était appliquée pendant plusieurs années à broder ce manteau, puis l'avait offert en ex-voto au Laus de France. Pendant trente ans, il reposa sur les épaules de la statue de Notre-Dame du Laus, témoin muet de la bienveillance de notre bonne Mère.

C'est en 1930 que le Laus français l'offrit au Laus canadien pour marquer le lien de famille qui unit les deux sanctuaires. Ce manteau, même s'il n'est pas à proprement parler une relique, est sûrement chez nous un précieux témoin des bontés de notre Mère du ciel.

Après le repas, la centaine de pèlerins assiste à la projection d'une vidéo sur l'histoire du sanctuaire. Une bien vieille histoire qui remonte à 1664 -- à l'époque ou presque de Samuel de Champlain --, année où une petite fille de Laus dans les Hautes-Alpes française, appelée Benoîte, eut une première apparition de la Vierge. Une histoire incroyable mais qui doit bien être vraie puisque depuis ce temps on y a construit une basilique où viennent des centaines de milliers de pèlerins chaque année... La vidéo nous apprend aussi que c'est Mlle Louisia Riendeau qui en 1911 eut l'idée d'ouvrir un sanctuaire dédié à Notre-Dame-du-Laus à Philipsburg et qu'elle mit dix années à réaliser ce projet. Toute une histoire, celle-là aussi, que vous pouvez lire ici, racontée par M. Paul-Émile Archambault, qui s'occupe actuellement du sanctuaire. Dans les années 1950, je le tiens de l'ex-maire de Philipsburg maintenant doyen du village, il pouvait y avoir jusqu'à douze autobus de pèlerins à la fois venus manifester leur dévotion à la Vierge... À l'époque, c'était Mlle Fabiola Farley aidée de Mlle Lucie Dallaire qui s'occupait de tout, même d'en loger quelques-uns dans sa maison de pension!




Après tant d'images inspirantes, les deux groupes de pèlerins -- membres de la Fraternité eucharistique de Montréal et de l'Apostolat mondial de Fatima -- entreprennent la traditionnelle procession qui les mènera vers la grotte où auront lieu les prières à la Vierge des lieux. Un parcours on ne peut plus simple qui nous amène devant le Sanctuaire d'où, après avoir longé la baie toute calme, nous revenons à l'arrière, devant cette réplique du Laus en France où Benoîte vit et entendit la Vierge plus de 600 fois en 54 ans, selon l'histoire.


J'ai quitté les lieux à la fois intrigué, apaisé et fier. Intrigué par la foi manifeste de ces femmes et de ces hommes venus d'aussi loin que Laval exprès pour prier Notre-Dame-du-Laus, ici à Philipsburg au bord de la baie Missisquoi. Apaisé par les lieux mêmes, le beau temps, le lac tout calme et l'accueil des hôtes 'sans cérémonie'... Fier de constater qu'on peut venir de loin pour trouver ici la paix qui caractérise bien ce lieu trop méconnu de notre région paisible.



vendredi 1 juillet 2005

Une initiative prometteuse du journal local : le Festival des films du monde de Saint-Armand

BILLET AIGRE-DOUX
juillet 2005

Si vous habitez Saint-Armand, vous l'avez lu dans Le Saint-Armand, édition de juin 2005 : l'équipe du journal est en train de nous concocter un Festival des films du monde de Saint-Armand pour la fin de semaine de la Fête du travail (première fin de semaine de septembre).

Dans un long article, François Renaud explique sans ambages avec conviction et humour comment l'équipe a eu « l'idée d'organiser un événement qui, tout en ayant pour objectif d'assurer la survie économique de notre journal, serait susceptible d'offrir à nos concitoyens un divertissement de qualité tout en attirant chez nous des curieux sympathiques qui accepteront, avec un grand sourire, de se faire vider les poches! »

L'initiative mérite d'être soulignée et encouragée. Quant à sa motivation, elle est révélatrice à la fois d'un malaise et d'une ouverture qui s'opère lentement dans notre milieu, ouverture susceptible d'enrichir, de réconcilier et de faire évoluer positivement nos riches cultures armandoise et 'philibourgeoise' malheureusement marquées dans le temps -- et freinées? -- par l'hermétisme et l'ambivalence.

C'est Lamarck qui disait : « Le milieu crée le besoin, le besoin crée l'organe. » Après la Tournée des 20 et le Chant des Frontières, vivement le Festival des films du monde de Saint-Armand; après les arts visuels grâce à Michel Viala et le chant choral grâce à Robert Trempe, nous pourrons célébrer chaque année le cinéma d'ici grâce à Éric Madsen et son équipe. Dans la même foulée, je m'en voudrais de ne pas mentionner les nombreuses activités culturelles initiées par Nancie Rioux du Café Brin de folie (expositions) et Sandra Moreau du Vignoble de la Sablière (spectacles et expositions).

En dépit de toutes ces manifestations d'ouverture à la chose culturelle comme espaces de rencontres et moyens d'expression, il reste un profond malaise dans notre communauté tricotée trop serrée. Et ce malaise tient en grande partie à la méfiance et à la parcimonie manifestées par la majorité de nos élus municipaux aussitôt qu'il est question d'un projet à caractère culturel. Dernière manifestation inexplicable de cette attitude : le refus du Conseil de participer financièrement à la Fête de l'eau du lac Champlain animée par Raôul Duguay.

Bon succès au Festival des films du monde de Saint-Armand! Et longue vie au journal qui entreprend sa troisième année avec des projets de croissance et de développement, notamment en projetant une version Internet -- dont je souhaite depuis longtemps la venue pour donner aux articles du journal la diffusion hors les murs qu'ils méritent (une entrevue comme celle de Jean-Pierre Lefebvre avec Pierre Gauvreau pourrait intéresser les Armandois du monde entier).

J'en profite pour remercier toutes celles et ceux qui persistent malgré l'atonie des algues bleues à travailler au mieux-vivre à Saint-Armand et à Philipsburg.

Jean Trudeau

P.S. - Vous pouvez réagir à ce billet en utilisant la messagerie ci-après.

mardi 15 mars 2005

Conclusions de la Commission mixte internationale sur l'état de la baie Missisquoi

En se fondant sur le rapport du Groupe de travail international de la baie Missisquoi (annexes 2 et 3) et sur les commentaires exprimés à l'occasion des vastes consultations publiques, la Commission est convaincue que le pont-jetée n'a aucun effet sur les niveaux d'eau au Canada et qu'il influe de façon négligeable, s'il en est, sur les débits ou les régimes de circulation au Canada. En outre, la Commission est convaincue que ni le pont-jetée ni le nouveau pont ne causent de pollution susceptible de nuire à la santé ou aux biens de part et d'autre de la frontière.

Nonobstant les réponses ci-dessus aux questions précises posées par les deux
gouvernements, la Commission conclut que la qualité actuelle de l'eau dans la baie Missisquoi est inacceptable et porte atteinte à la santé et aux biens dans les deux pays en plus de constituer une menace à la santé du lac Champlain. La Commission prend note que l'État du Vermont et la Province de Québec ont signé des ententes, élaboré des plans d'action et pris d'autres mesures pour corriger la situation. Néanmoins, compte tenu de la gravité de la situation, la Commission exhorte les deux parties à prendre immédiatement des mesures significatives pour régler le problème de la surabondance du phosphore dans la baie et améliorer ainsi la santé écologique de la baie, en particulier, et du lac Champlain, en général. La Commission recommande que le Vermont et le Québec augmentent leurs investissements financiers et accélèrent leurs programmes respectifs de réduction des concentrations de phosphore dans la baie.

En ce qui a trait au pont-jetée, la Commission appuie la conclusion du groupe de travail, selon laquelle l'enlèvement du pont-jetée aurait une incidence négligeable sur les niveaux de phosphore dans la baie. Toutefois, la Commission est consciente que la majorité des résidents de la région croient que le pont-jetée est une des principales causes des problèmes de pollution de la baie. En fait, ces résidents y croient si fermement que la Commission est d'avis que tant que le pont-jetée restera en place, les collectivités locales ne prendront pas les mesures nécessaires pour réduire les apports de phosphore dans la baie. Par conséquent, la Commission recommande que le pont-jetée soit enlevé, à condition que les gouvernements du Canada et du Québec consacrent un montant équivalent au coût de l'enlèvement du pont-jetée à des initiatives visant à réduire les apports de phosphore dans la baie et à faciliter l'aménagement d'un habitat à la tortue molle à épines.
Source : Commission mixte internationale Canada et États-Unis, Rapport aux Gouvernements des États-Unis et du Canada -- Impacts transfrontaliers du pont-jetée de la baie Missisquoi et du projet de construction d'un nouveau pont sur la baie Missisquoi (document pdf) qu'on peut télécharger sur le site de la CMI)

Le monde en parle...

  • 1812-1814 : Drôle de guerre à Missisquoi Bay

    Dans le CyberMagazine Patrimoine des Cantons, un récent article nous révèle que la Guerre de 1812 était une bien drôle de guerre dans le Bas-Canada, particulièrement à la baie Missisquoi. On y apprend, grâce à la correspondance de Charles Caleb Cotton et de C. J. Stewart, ministres anglicans à Philipsburg à cette époque, que la milice locale était peu motivée pour livrer bataille à nos voisins des États du Vermont et de New York. La milice était plutôt « a motley crew of farmers, citizens, tavern-keepers, and traders, etc. not a regular soldier among them ». En fait, cette 'guerre' a plutôt contribué à renforcer à cette époque les échanges économiques des deux côtés de la frontière...

    Les auteurs Heather Darch (Missisquoi Museum) et Michel Racicot (Cowansville Historical Society) racontent entre autres cet incident qui en dit long sur l'esprit guerrier du temps :

    The final "drama" for the Missisquoi Bay area occurred when members of the Eastern Townships militia marched in Sir George Prevost's invasion from Lower Canada to New York State in 1814. Among the militia were the "Silver Greys", a company consisting of men over 60 years of age. They marched all night to Burlington where they boarded a sloop for Plattsburg. They saw little combat and returned to their farms and families. It was a typical scenario for the Missisquoi "soldiers".

    A DISTANT DRUM: THE WAR OF 1812 IN MISSISQUOI COUNTY est un article à lire si l'histoire locale vous intéresse; c'était au temps de John et Philip Ruiter à qui, notamment, Philipsburg doit son nom.

    En passant, le CyberMagazine Patrimoine des Cantons de Matthew Farfan est un site Web incontournable pour découvrir l'histoire et le patrimoine des Cantons de l'Est.



  • Les hauts et les bas de la viticulture dans Brome-Missisquoi

    Denis Lord rencontre quelques viticulteurs de Dunham et fait avec eux un portrait réaliste de la situation qui prévaut dans les vignobles de la région : Au coeur du vignoble québécois, une bonne réglementation s'impose pour garantir qualité et conservation, dans ledevoir.com, édition du mercredi 16 mars 2005.
    «Nous n'avons pas réussi à créer de bonnes variétés rustiques au Québec, souligne M. de Coussergues. On a tenté d'hybrider la vigne indigène, le riparia, avec d'autres cépages, mais le riparia transmet son mauvais goût. Et ça coûte cher de faire des tests. En 23 ans de culture au Québec, j'ai essayé 66 variétés.»


  • Une histoire de pêche... au GPS!

    Dans le magazine Québec-Pêche, Patrick Campeau raconte une autre de ses histoires de pêche, cette fois de pêche au GPS dans la baie Missisquoi. C'est à lire si la pêche technologique vous intéresse :
    Lors d'une excursion de pêche sur le lac Champlain, j'ai fait un test avec un de mes copains sceptiques du fonctionnement des GPS. J'avais localisé sur la carte bathymétrique, un îlot sous-marin, qui était en plein milieu d'une immense baie. J'estimais que ce dernier mesurait approximativement 10 mètres par 7 mètres. La baie en question devait mesurer 4 kilomètres par 10 kilomètres...


  • L'église de Pike-River est bel et bien à vendre

    Une décision crève-coeur mais nécessaire, avoue la présidente de la fabrique, Marthe Lareau. Selon la dame, la paroisse connaît son lot de problèmes depuis quelques années. "Ça fait trois ans que ça dégénère. Les paroissiens ont été mis au courant de la situation par écrit, mais ça n'a rien changé. Il a bien fallu prendre une décision, souligne-t-elle. C'est dommage. Le seul endroit qu'il nous reste pour nous rassembler, c'est ici." (Église cherche preneur, par Isabel Authier, dans La Voix de l'Est, édition du 25 février 2005)


  • Le ministre Mulcair n'oublie pas la baie Missisquoi

    Le ministre Mulcair a repoussé les arguments de l'UPA (de la Gaspésie et des Îles) et cité des exemples de pollution agricole ailleurs au Québec. « Lorsqu'un chien boit de l'eau dans la baie Missisquoi et qu'il meurt, ce n'est pas une fiction, et ça, c'est la réalité et c'est la pollution d'origine agricole qui est la source du problème », a notamment mentionné le ministre. Mulcair croise le fer avec les agriculteurs de la Gaspésie, radio-canada.ca, 23 février 2005


  • ... la gestion de l'eau par bassin versant dans Le Coopérateur agricole

    Nathalie Fortin fait le point sur la gestion des bassins versants du Québec dans un article en ligne du Coopérateur agricole (février 2005) intitulé Penser globalement, agir localement. On y apprend que parmi les organismes qui en assurent la gestion, trente-trois ont été identifiés comme prioritaires, dont la Corporation Bassin versant Baie Missisquoi. C'est une bonne source de renseignements pour mieux connaître le mandat, la composition, le budget et le mode de fonctionnement de la CBVBM.

    À la lecture de l'article, on comprend également mieux les limites de leur pouvoir d'intervention jusqu'à maintenant : « Le ministère de l'Environnement modifiera, au cours de cette année, le Règlement sur les exploitations agricoles pour intégrer à ses normes la gestion par bassin versant. Les producteurs pourront s'engager de deux façons pour que cette gestion globale de l'eau se concrétise localement : en tant que membre d'un organisme de bassin versant, pour participer à l'élaboration des orientations et des objectifs de restauration ou de conservation des rivières; ou comme acteur de l'eau, en réalisant les actions inscrites dans les plans directeurs de l'eau. »



  • ... de Conservation baie Missisquoi dans L'Avenir & Des Rivières

    Pierre Leduc, président de Conservation baie Missisquoi, fait part à la journaliste Mylène Grenier des projets de son organisme pour 2005 : Des projets sur la table pour Conservation baie Missisquoi. Il y est question notamment d'un support auprès des agriculteurs de la région qui auraient besoin d'aide pour dépasser les normes environnementales : « En faisant une bande-riveraine plus large, ils perdent de l'argent parce qu'ils ne peuvent plus faire de la culture. On travaille sur une formule au niveau de la taxation pour que les agriculteurs ne perdent pas au change. » On trouve également dans cet article un aperçu des réalisations de Conservation baie Missisquoi en 2004, année du 15e anniversaire de fondation de l'organisme.

    Malgré tout le travail effectué pendant ces quinze années, il reste beaucoup à faire pour dépolluer la baie d'ici 2009 (selon l'engagement pris par nos gouvernements). Imaginons un instant quelle serait la situation sans l'implication des membres d'un organisme comme CBM : un gâchis irréversible! Un constat de Pierre Leduc est cependant inquiétant : « L'un des problèmes, c'est qu'on a de la misère à avoir un programme spécifique à une région parce qu'avec le gouvernement, il faudrait que ça soit valide à l'échelle du Québec ». Moi qui croyais que la baie Missisquoi était une priorité pour le ministère de l'Environnement. Des promesses, des promesses... JT


  • ... de Saint-Armand/Philipsburg dans Le journal Les Professions d'ici

    Agréable surprise : Le journal Les professions "L" d'ici, édition février 2005, récidive avec un deuxième cahier spécial sur Saint-Armand et Philipsburg. Cette fois avec des photos d'actualité (pêche blanche), la petite histoire surprenante de l'hôtel Lafayette et intrigante du Nigger Rock ainsi qu'une visite géologique de nos carrières (par Gilbert Beaulieu). Aussi, des propos historiques fort intéressants sur les origines de Philipsburg (par Ginette Gendreault). L'équipe de ce jeune journal fait un travail inestimable pour faire connaître la petite et la grande histoire de nos cantons tout en faisant la promotion des commerces et des industries de la région. Une bonne main d'applaudissements!



  • ... de la baie Missisquoi dans Géo plein air

    Dans le magazine Géo plein air, numéro de février 2005, Denis Lord signe un article intitulé : Baie Missisquoi : vers une remise à flots. « Le lac Champlain n'est plus le paradis récréatif qu'il était. À qui la faute? », se demande le journaliste. Rejoint par courriel, Denis Lord résume ainsi son article : « C'est un papier sur la déphosphorisation de la baie, avec des entrevues avec Chantal D'auteuil, Jean-Roberge Boucher, Denis Paradis, Nathalie Jaume et une couple d'autres. » Les photos sont splendides, à croire que la baie est encore un 'paradis'... On ne sait jamais : peut-être qu'en 2009...

mardi 1 mars 2005

Merci à l'Unité pastorale des Frontières



    Allocution de Soeur Reine-Marie Montpetit pm, au terme de la célébration tenue le 31 juillet 2005 en hommage aux Soeurs de la Présentation de Marie à l'occasion de leur départ de Philipsburg.


C'est avec joie, et en même temps une grande émotion, que je m'adresse à l'équipe d'animation pastorale de l'Unité des Frontières, à son pasteur Danik et à vous tous ici présents à l'occasion de ce rassemblement, soulignant le départ officiel de notre communauté des Soeurs de la Présentation de Marie, départ plus précisément de Philipsburg.

Ce sont des mots d'amitié, de fraternité, d'appréciation, de reconnaissance qui montent à mon esprit et à mon coeur et, j'en suis convaincue, au coeur de toutes celles qui ont vécu cette grande aventure que fut la vie de la Congrégation au Couvent de Philipsburg depuis 1934. Que de beaux et bons souvenirs sont enfermés dans les murs de cette maison et à travers le petit village de Philipsburg et de la région. Combien de paroles d'encouragement, de sourires partagé, de peines soulagées par les hasards des routes croisées ou des portes visitées. Merci pour votre présence aux heures de bonheur comme aux heures plus difficiles.


Célébration par Danik Savaria,
dans un lieu naturellement propice au recueillement...

Merci aux différentes équipes de pastorale qui se sont succédé sous des formes variées, car, imaginez, depuis 70 ans l'évolution dans l'Église et dans le monde a amené de la variété; mais toujours les Soeurs ont eu leur part privilégiée. Pendant mon séjour à Philipsburg les équipes connues nous ont apporté une richesse spirituelle à nulle autre pareille.

Comme il fut bon ce contact avec les élèves de tous âges, où le dynamisme des jeunes suscitait le zèle de chaque religieuse pour inculquer des connaissances et des principes précieux pour une vie réussie et centrée sur Jésus-Christ. Aucun ni aucune de nos élèves n'est tombé dans l'oubli. Merci à chacun et chacune d'avoir été sur notre chemin.


...devant l'église, sous les arbres,
face à la baie Missisquoi.

Que dire des 30 ans et plus pendant lesquelles les Soeurs ont accueilli des groupes de toute nature pour des ressourcements spirituels, humains, sociaux, etc. sans oublier, bien sûr, la période inoubliable du verglas. On y a vécu des heures intenses de vie chargées d'émotions tellement pleines et variées, qu'il est risqué d'en parler en quelques mots. Merci à tous ceux et à toutes celles qui nous ont permis de vivre ces moments qui nous ont rapprochées de vous et de Dieu.


Soeur Reine-Marie Montpetit pm,
dernière directrice de la Maison En-Gaddi

Je m'en voudrais de ne pas parler de deux personnes que la plupart d'entre vous auraient aimé rencontrer aujourd'hui. J'ai nommé Soeur Jean-du-Carmel (Berthe Gauthier) et Soeur Thérèse-Gabriel (Adrienne Mandeville). Malheureusement l'état de santé de l'une et le grand âge de l'autre les ont empêchées de ce présenter à cette rencontre trop chargée d'émotions et de souvenirs. L'une et l'autre vous affectionnent grandement et vous saluent chaleureusement. Elles sont ici de coeur et d'esprit vous le sentez bien, j'en suis certaine.


Soeurs de la Présentation de Marie,
elles sont aussi deux soeurs de la même famille Dandurand,
originaires de Saint-Armand.

Sur ces mots, au nom de toutes les Soeurs de la Présentation de Marie, passées et actuelles, je vous redis tout notre attachement et notre amitié. Philipsburg reste à jamais gravé dans l'histoire de la Congrégation et les personnes sont à jamais portées dans la prière des Soeurs de la Présentation de Marie.


« Au nom de toutes les Soeurs de la Présentation de Marie, passées et actuelles,
je vous redis tout notre attachement et notre amitié. »

Merci pour cette fête magnifique et le dévouement de Danik et de son équipe d'abeilles, bourdonnantes d'idées et d'ardeur. Alors merci très chaleureux à tous et à chacun et chacune, et amitié profonde dans la prière.

Reine-Marie Montpetit pm

De l'éducation au ressourcement

Les Soeurs de la Présentation de Marie à Philipsburg de 1934 à 2005

Un hôtel devenu couvent



En 1934, après avoir acquis l'hôtel de Madame Bouthillier Paquette, les Soeurs de la Présentation de Marie viennent s'établir à Philipsburg.

L'école du village



Dès la première année, des élèves du village, filles et garçons, et des filles de l'extérieur (comme pensionnaires), fréquentent les quelques classes disponibles à ce moment là. Quelques années plus tard, le cours commercial y est implanté. À cette époque la maison peut accueillir un bon nombre de pensionnaires. D'année en année la clientèle augmente.

L'école apostolique



Vers 1952, notre maison se donne une autre vocation, elle devient le « Juvénat » nommé « École apostolique » en 1954, c'est-à-dire, école permettant aux étudiantes aspirant à la vie religieuse, d'étudier davantage leur vocation. Nous dispensons alors les 8e, 9e, 10e et 11e années. Au cours des ans, elle change cette vocation pour devenir une école secondaire avec pensionnat.

La nouvelle école



En 1963, les élèves étant devenues trop nombreuses une construction s'avère nécessaire. Et en septembre 1964, les élèves entrent dans leur nouvelle école; l'ancien bâtiment situé sur notre terrain, servant pour des classes, est acheté par une Dame Larivière et transporté sur la rue Quinn, chemin de Saint-Armand.

À cette époque, il y a jusqu'à 100 pensionnaires; l'ambiance est à la joie. Il fait bon y vivre!

Malgré le grand nombre d'élèves, en 1972 nous devons fermer les portes de notre pensionnat, faute de personnel religieux.

La maison de ressourcement



Dès avril 1973, la maison s'engage alors pour un nouvel apostolat. À l'occasion de la Semaine Sainte de la même année, nous recevons un groupe d'étudiants du Cégep de Saint Jean pour un Céder (repas rappelant la dernière Cène de Jésus avec ses Apôtres).

À partir de ce moment notre maison accueille des groupes de tous genres : jeunes pour classes neige, couples pour week-end d'amoureux, diacres, prêtres, retraites pour religieux, cours, Puits de Jacob, Alcooliques anonymes, sessions variées pour couples, Joie de vivre pour personnes veuves ou séparées ou divorcées, intensifs de toutes sortes, etc. Chaque fin de semaine il fait bon recevoir tous ces gens qui viennent se ressourcer et savourer la vie.

En-Gaddi : « la source »



Le 11 avril 1975, la maison devient officiellement maison de ressourcement inaugurée sous le nom de « Maison En-Gaddi », mot biblique qui signifie source. Pendant vingt-neuf ans, des gens nombreux sont venus à la Source, chercher la force et le courage pour continuer la route et rencontrer leur Seigneur.

Nous n'oublions pas l'année 1998, qui nous permet d'accueillir nos propres concitoyens en cette période éprouvante du verglas, mais devenue grâce de rencontre et prise de connaissance des uns et des autres. Grâces d'entraide, de partage, de joie et de peines dans la maladie pour les uns et de réconfort pour les autres.

La fin d'une époque



Malheureusement, en mai 2004, les religieuses devenues trop peu nombreuses, nous nous voyons contraintes de mettre fin aux sessions. Un an plus tard -- en mai 2005 -- notre maison est vendue pour une autre oeuvre humanitaire.



Nous passons le flambeau qui, nous le souhaitons, continuera de brûler pour la gloire de Dieu et pour le bien et la joie de nos concitoyens que nous avons tant aimés!...


Texte : Soeur Henriette Bombardier
Photos : Album officiel du 150e de Philipsburg (photos 1 et 2), Album des Soeurs de la Présentation (photo 3), Saint-Armand-sur-le-Web (photos 4, 5 et 7), Soeur Henriette Bombardier (photo 8)

La tempête de verglas en 1998, à Philipsburg

SOLIDARITÉ SANS FRONTIÈRES
par Reine-Marie Montpetit p.m.
directrice de la maison En Gaddi de 1996 à 2005

Quand le responsable des mesures d'urgence de notre petite municipalité (moins de 300 personnes) appela au couvent pour demander d'héberger des personnes âgées, sans hésiter, j'ai accepté avec mes soeurs de rendre ce service qui semblait tout à fait normal dans les circonstances.

Quelle émotion j'éprouve de voir arriver la camionnette d'où sort notre premier «hébergé» transporté sur un brancard par des bénévoles de la localité! C'était un malade en phase terminale dont j'ignorais le véritable état. Cet homme devait mourir, après un bref séjour à l'hôpital, avant la fin de la panne d'électricité.

Maison En Gaddi

Nous étions le seul endroit de la municipalité
muni d'une génératrice assez puissante
pour assurer chaleur et lumière à un grand nombre de sinistrés.

Pour mes soeurs et moi, il s'agissait d'accueillir chaleureusement chaque personne qui arrivait pour la sécuriser, et la conduire avec tendresse et bonté dans une chambre propre et convenant le mieux à ses besoins. À ces personnes s'ajoutent les pompiers et les premiers intervenants pour les soins d'urgence qui ont aussi demandé le gîte dans notre maison. Nous étions le seul endroit de la municipalité muni d'une génératrice assez puissante pour assurer chaleur et lumière à un grand nombre de sinistrés.

Toute le nuit, j'ai dû me tenir prête pour répondre aux demandes des gens qui arrivaient en quête d'un abri. Il fallait les recevoir tous et avec le même sourire et la même chaleur, peut-être encore plus que pour les premiers arrivés. Ils étaient inquiets de leurs enfants, de leur maison et de la cave inondée avec des tuyaux crevés et gelés.

Maison En Gaddi

Les dix religieuses ont été formidables
chacune selon ses capacités
et les possibilités de la maison.

Pendant huit jours les gens sont arrivés chacun avec ses besoins; il s'agissait d'y répondre au mieux. J'ai vécu une expérience de solidarité au sens le plus large du mot. Les dix religieuses ont été formidables chacune selon ses capacités et les possibilités de la maison. Et grâce à cette disponibilité nous avons eu la joie d'accueillir quelques-uns de nos parents éprouvés. En plus, j'ai beaucoup admiré le travail des responsables de la cuisine qui ont dû se débrouiller avec des moyens réduits : une cuisinière à gaz de quatre ronds seulement et un seul fourneau, pour servir les repas chauds, jusqu'à 100 dîners en une seule journée.

Tous ceux qui le pouvaient s'offraient pour servir, qui à la vaisselle, qui au ménage, d'autres préparaient des lits pour les nouveaux arrivants. Un homme et une dame ont même ramassé le linge souillé pour aller faire le blanchissage aux États-Unis. Et cela à leurs frais. Mes impressions? La solidarité, c'est communicatif, personne ne reste indifférent!

Il fallait divertir nos gens; j'essayais de leur être présente le plus possible. C'est ainsi que j'ai mieux connu les gens de la région. Quel contact s'est établi alors entre nous! Pour eux, les Soeurs n'étaient plus un mystère. Ils ont appris à les connaître et à les apprécier pour ce qu'elles sont réellement : des personnes humaines avec un coeur ouvert et capables de liens simples avec leurs semblables.

Pour ce qui est des divertissements, les uns jouaient aux cartes, d'autres faisaient des casse-tête, d'autres lisaient... Accompagnés au piano par une de nos soeurs, nous avons participé à de merveilleuses séances de chants. On suggérait des chansons de folklore tirées des livrets de la Bonne Chanson. Francophones et anglophones y allaient avec enthousiasme. Pas de place à la mélancolie.

Maison En Gaddi

La Ministre anglicane est venue visiter ses paroissiens
et m'a demandé de célébrer un service religieux dans notre chapelle,
ce que j'ai accepté avec empressement.

J'ai vécu aussi, pendant cet événement, un véritable oecuménisme puisque au moins trois confessions religieuses étaient présentes dans la maison. Chacun se trouvait à l'aise d'exprimer sa foi. Aucune barrière n'existait entre les personnes. J'ai offert la messe catholique à ceux qui voulaient y participer; des Anglicans, et peut-être des membres de l'Église unie du Canada, y ont assisté. Des prières protestantes ont été faites auxquelles ont participé des catholiques. La Ministre anglicane est venue visiter ses paroissiens et m'a demandé de célébrer un service religieux dans notre chapelle, ce que j'ai accepté avec empressement.

J'ai vécu là un véritable sentiment d'appartenance à l'Église universelle. Jésus-Christ réunissait tout ce monde dans une situation pénible mais consolante. J'ai vécu le même sentiment lors des funérailles du malade que vous avions accueilli la première journée de la tempête de verglas. Les émotions étaient vives de dire ensemble un dernier adieu à une personne que le verglas nous avait permis de connaître et d'entourer au cours de sa dernière maladie.

D'autres émotions, plus joyeuses celles-là, devaient être vécues deux mois plus tard. À la demande des organisatrices de l'Église unie du Canada, la Journée mondiale de prières pour les femmes s'est tenue dans la chapelle du couvent. Quelles retrouvailles! Être là, cette fois simplement réunis pour prier le même Seigneur : quelle solidarité et quelle grâce!

Parler de solidarité, c'est parler d'entraide, de charité, de respect mutuel, de fraternité sans barrières de religion, de sexe et d'âge. En fait, c'est la solidarité sans aucune limite qui nous amène à vérifier notre capacité d'accueil et de service. Tel fut mon vécu lors de la tempête de verglas de 1998.

Maison En Gaddi

En reconnaissance de votre contribution
aux secours apportés aux victimes
de la tempête de verglas de 1998.

J'en suis certaine, les Soeurs de la Présentation de Marie, selon l'esprit de Marie Rivier, notre fondatrice, tout comme les religieux et les religieuses du Canada sont solidaires du monde avec lequel ils vivent.

Source : Bulletin CRC, Hiver 1998. Article reproduit avec la permissions de l'auteure.
Photos : Soeurs de la Présentation de Marie