jeudi 15 décembre 2005

Le couvent des Religieuses de la Présentation de Marie (1939-1954)

Par Andrée Chabot Vallières

Suite à l'incendie de l'école du village en 1938, mon père Wilfrid Chabot et monsieur Adrien Neveu firent des démarches pressantes auprès des religieuses de la Présentation de Marie de Saint-Hyacinthe afin qu'elles viennent participer à l'éducation des enfants du village. Ils étaient appuyés par M. le curé Saint-Pierre et les membres de la Commission scolaire : Moïse Chevalier, président, Arcade Édoin, Augustin Benoit, Raoul Pelletier et Alcide Roy, commissaires. Il fut difficile d'avoir leur acceptation parce qu'il y avait déjà un couvent de la même communauté à Philipsburg; mais les efforts ne furent pas vains.

En 1939, la Commission scolaire achetait l'hôtel de M. Philippe Ménard, situé entre le 421 et le 425, chemin Luke, afin de le céder aux religieuses pour la somme d'un dollar (1,00 $). L'édifice modifié est devenu le couvent du village.


L'ancien hôtel de Philippe Ménard.
En 1939, il fut vendu à la Commission scolaire de Saint-Armand-Ouest et réaménagé en couvent par les Soeurs de la Présentation de Marie.
Source : Album du Centenaire de la paroisse Notre-Dame-de-Lourdes, p. 51
Un escalier extérieur montait aux classes; une grande galerie sur laquelle on s'amusait les jours de pluie bordait la façade et le côté sud. Deux allées de petits cailloux gris enjolivées de lisières de hostas conduisaient aux entrées principales. La porte de droite donnait accès au parloir et à la chapelle, tandis que celle de gauche servait d'entrée aux pensionnaires.

Soeur Philippe-du-Sauveur fut la première directrice. Elle était accompagnée de Soeur Pierre-Julien, Soeur Aimé-de-la-Providence et Soeur Emmanuelle, enseignantes, et de la cuisinière, Soeur Donatienne, qui cultivait un grand jardin et y travaillait ardûment.

Au cours des ans, le pensionnat a accueilli de nombreux enfants, d'ici et d'ailleurs. Notre ami Élie Pelletier nous rappelle les noms des premiers pensionnaires : Maurice Rocheleau, Luc Fournier, Rhéa Rhéaume, Gisèle et Estelle Beauregard. Étant trop jeune pour fréquenter l'école au début, je me souviens qu'en première et deuxième années, ma soeur Lise et moi étions demi-pensionnaires; nous soupions, faisions nos travaux scolaires et dormions au couvent, mais nous allions dîner chez-nous... en courant, je crois.


Cette photo de deux pensionnaires nous permet de voir les allées de hostas en façade du couvent. Les deux pensionnaires sont les nièces de Madame Juliette Desranleau, Marielle et Lise Reed.
Source : Album personnel de l'auteure
Je me rappelle que Soeur René-de-la-Croix, Soeur André-du-Sacré-Coeur (soeur de sang de Soeur Pierre-Julien), Soeur Saint-Denis, Soeur Saint-Isaïe (professeur de musique) ainsi que Soeur Mathilde-du-Divin-Coeur (dernière directrice) ont fait partie intégrante de notre éducation. N'oublions pas notre adorée Soeur Léonce : elle cuisinait des bonbons en sucre d'orge, de la tire Sainte-Catherine et des pets-de-soeurs tout à fait exquis.

Les religieuses enseignaient de la première à la neuvième année aux enfants de l'arrondissement et aux pensionnaires. Nous pouvions aussi enrichir notre formation par des cours de piano, de chant et de théâtre.


Soeur Philippe du Sauveur, première directrice de l'école, surveillant un groupe d'enfants dans la cour.
Source : Album du Centenaire de la paroisse Notre-Dame-de-Lourdes, p. 51
Vous souvenez-vous du 21 novembre, fête de la Présentation de Marie au temple, d'après le calendrier liturgique? C'était une journée sans cours académiques. Il y avait beaucoup d'animation ce jour-là; on présentait un spectacle préparé des mois durant. Les parents venaient admirer leurs jeunes qui s'exécutaient sur la scène en chantant, déclamant un poème ou en pianotant des airs de Mozart, Chopin ou Beethoven. La musique classique était de mise. Le répertoire plus populaire était celui de La Bonne Chanson de l'abbé Gadbois.

Le même scénario se répétait à la fin de l'année scolaire, avec un nouveau spectacle qui valorisait toujours les élèves. Les religieuses soulignaient aussi de façon différente la fête de Mère Marie Rivier, fondatrice de la communauté.

À l'époque, les pensionnaires portaient une robe noire avec collet et poignets rigides blancs (style collet romain), jupe à plis avec une ceinture bleue ornée d'un "M" pour attache. Le "M" signifiait Marie. C'était l'uniforme traditionnel de toutes les pensionnaires de la Présentation de Marie. Plus tard, le costume était légèrement modifié : la robe toujours noire avait un collet et des poignets blancs plus souples, et la ceinture, une boucle blanche. Pour les garçons, rien de spécial : le veston et la cravate pour les jours de fête.


Andrée Chabot, dans sa tenue de pensionnaire.
Source : Album personnel de l'auteure
C'est en juin 1954 que se 'tourne la page' du Couvent de Saint-Armand.

Soeur Pierre-Julien y était enseignante depuis les débuts. Ses élèves et leurs parents ont été heureux de la revoir plus tard, lors du centenaire de la paroisse en 1978. Elle est décédée à Granby, le 10 mars 1981.

À cause de l'enseignement reçu, de la discipline, du dévouement inlassable et de la grande générosité des religieuses, nous sommes remplis de reconnaissance et, du fond du coeur, nous leur disons un GRAND MERCI!

En septembre 1954, deux laïques, Marie-Reine Lamothe et Laura Larochelle, prennent la relève. Au début de l'hiver, le chauffage tombe en panne et l'école est fermée : il faut déménager. Le salon de mes parents accueille une classe; l'autre s'installe au sous-sol de l'église.

Quelques années plus tard, l'immeuble vendu à M. Roméo Pelletier tombait sous les pics des démolisseurs. Le bois de charpente récupéré servit de départ à la construction d'une nouvelle maison.

Notre Alma mater n'est plus... mais les souvenirs restent gravés à jamais et nous avons voulu les partager.

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